Le conseil d'administration d'IFFCO Canada doit se réunir le 6 juin pour réviser l'ensemble du projet d'usine d'urée à Bécancour, près de Trois-Rivières. Le projet, qui a été mis en veilleuse pour la deuxième fois en décembre 2015, a obtenu de nouveaux fonds de ses actionnaires qui veulent être en mesure de le relancer rapidement, au besoin.

« Il y a des limites à reporter le projet indéfiniment, a expliqué au téléphone Claude Lafleur, chef de la direction d'IFFCO Canada. Il y a des décisions importantes qui doivent être prises. »

IFFCO Canada est une coentreprise formée par la coopérative indienne IFFCO, La Coop fédérée et le gouvernement du Québec. Le projet consiste à construire une usine de plus de 2 milliards de dollars capable de produire 1,3 milliard de tonnes d'urée par année.

Au terme de la rencontre de juin, quatre scénarios sont possibles. Le projet pourrait être reporté jusqu'au prochain conseil, trois mois plus tard, ou plus loin encore dans le temps. L'investissement pourrait aussi être carrément abandonné pour de bon - après tout, le marché de l'urée reste déprimé. Il est aussi possible, n'écarte pas M. Lafleur, que le projet soit relancé sous sa forme originale ou sous une forme réduite avec une capacité de production de 800 000 tonnes.

Avec une capacité réduite, le coût de construction sera moindre, malgré la perte d'économies d'échelle, d'expliquer M. Lafleur.

25 % DES ACTIONS

Toujours est-il qu'Investissement Québec et ses partenaires ont remis de l'argent dans le projet. Le bras investisseur du gouvernement provincial a ajouté 6 millions à sa mise dans IFFCO Canada, portant la somme investie par Québec à 11 millions, ce qui donne au gouvernement 25 % des actions du projet. La Coop fédérée possède également 25 % et la coopérative indienne, 50 %.

La nouvelle ronde de financement servira à terminer les études d'ingénierie de détail, advenant que le projet aille de l'avant.

Parmi les facteurs qui militent en faveur de la relance de l'usine d'urée au Québec, on note que le financement est en place pour la phase des études de génie de détail. On observe qu'IFFCO emploie toujours une demi-douzaine de personnes, sans compter les équipes d'IFFCO Inde et de La Coop fédérée. La question de l'approvisionnement en gaz naturel ne pose plus problème depuis les engagements de certains partenaires. Autre élément à considérer, les coûts de construction sont stables depuis deux ans, signale M. Lafleur.

Toutefois, des menaces planent toujours. Le marché de l'urée s'est encore détérioré depuis six mois. Le consortium d'IFFCO recherche un troisième investisseur stratégique pour partager le risque du projet.