TransCanada a déposé sa volumineuse demande de projet - près de 39 000 pages - pour l'autorisation du pipeline Énergie Est à l'Office national de l'énergie (ONÉ) mardi. Presque toute la documentation est pour l'instant en anglais, contrairement à la demande formulée par l'ONÉ.

L'entreprise promet toutefois de mettre en ligne la traduction complète et fidèle des documents déposés mardi d'ici un mois.

Au début février, l'organisme de réglementation avait demandé à TransCanada de reformuler sa demande pour ce projet majeur, jugeant «qu'il (était) difficile même pour des experts de s'y retrouver». Il avait exigé le document dans les deux langues officielles, avec des versions française et anglaise «en parfaite correspondance».

«Sachant que le demandeur comprend l'importance des deux langues officielles pour ce projet et que la traduction française de la demande a déjà été fournie, l'Office veut que les mêmes améliorations structurales soient apportées dans les versions anglaise et française de la demande», avait écrit l'ONÉ dans une lettre adressée à TransCanada.

Interrogé sur cette version française qui se fait attendre, le ministre fédéral des Ressources naturelles Jim Carr a été catégorique, affirmant que les documents devaient «évidemment» être produits dans les deux langues. «C'est très important pour moi aussi», a-t-il lancé avant d'entrer aux Communes pour la période de questions.

S'il était approuvé, le pipeline Énergie Est transporterait sur 4500 kilomètres 1,1 million de barils de pétrole par jour, principalement destiné à l'exportation, des sables bitumineux de l'Alberta vers le Québec et le Nouveau-Brunswick.

Sur son compte Twitter, l'ONÉ a publié une photo de ce à quoi à l'air le projet consolidé en version papier: de nombreuses boîtes de carton empilées les unes sur les autres formant une longue file.

Selon Patrick Bonin de Greenpeace, le fait que les documents ne soient pas publiés en français en même temps qu'en anglais constitue un manque de respect, puisque que les francophones auront un mois de moins pour consulter ces milliers pages.

«Déjà que c'est extrêmement demandant pour les populations de se pencher sur autant de documents, c'est dur de s'y retrouver, eh bien là, on n'a même pas les versions françaises», signale-t-il. Il rappelle par ailleurs que plus de 600 kilomètres de ce pipeline seront construits au Québec, si le projet est accepté.

Tim Duboyce, porte-parole pour le projet Énergie Est, explique que la compagnie fait son «possible» pour traduire ces nombreuses pages, préparées pour la plupart dans la langue de Shakespeare.

«On veut s'assurer que la version française est fidèle à la version qui a été déposée à l'ONÉ aujourd'hui, donc on prend notre temps», explique-t-il.