Une autre voix s'ajoute au concert des opposants au projet Énergie Est de TransCanada: l'Union des producteurs agricoles (UPA) prend position contre l'oléoduc qui traverserait des terres agricoles sur l'essentiel de son tracé québécois.

Après la Communauté métropolitaine de Montréal, de nombreux groupes écologistes et plusieurs villes, le syndicat agricole exprime à son tour de nombreux griefs contre le projet dans son mémoire obtenu par La Presse Canadienne et destiné au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

Cette instance mandatée par le gouvernement doit évaluer ce vaste chantier qui vise à acheminer le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta et du Dakota du Nord vers une raffinerie du Nouveau-Brunswick, en transitant par le Québec.

L'UPA souligne que c'est la première fois qu'elle prend officiellement position contre un projet énergétique. L'organisation a soutenu que son rôle historique n'a jamais été de se positionner pour ou contre un projet au motif de son bien-fondé, mais elle fait désormais une exception.

Selon le président de l'UPA, Marcel Groleau, ce projet ne s'inscrit pas dans le développement du Québec, dans la protection de son environnement, parce qu'il faut décarboniser l'économie.

Le Québec ne peut pas prendre des engagements internationaux en faveur de la réduction des gaz à effet de serre (GES) et investir dans une économie verte tout en acceptant un projet qui va ternir son bilan d'émissions de GES, pour du pétrole en bonne partie destiné à l'exportation, a fait valoir M. Groleau, au nom de la cohérence.

Tous les projets de pipeline nuisent aux entreprises agricoles et forestières, les agriculteurs sont soumis à un « stress important », leurs propriétés sont dépréciées, et ils sont exposés à un plus grand risque de nuisances et d'incidents, peut-on lire dans le mémoire.

Dans le cas d'Énergie est, 75 % du tracé passe dans des milieux agricoles en culture ou boisés, alors que les terres agricoles ne constituent pourtant que 2 % de l'ensemble du territoire québécois.

En cas d'incident, fuite, déversement, les nappes phréatiques et les sols pourraient être « contaminés à jamais » par l'oléoduc de plus de 1 m de diamètre enfoui sous terre, et cela pourrait être catastrophique, de l'avis du dirigeant de l'UPA.

Parallèlement, l'UPA rencontre déjà depuis plusieurs années TransCanada et tente difficilement de négocier une entente-cadre au bénéfice de ses membres. Le syndicat agricole exige notamment pour la première fois un loyer annuel pour le passage de la canalisation, en plus des indemnités.

Et malgré les exigences émises ou les possibilités d'indemnités, voire de loyer, les producteurs agricoles qui ont pris part à des consultations demeurent réfractaires, a résumé M. Groleau.

Les agriculteurs illustrent ainsi le niveau « très faible » d'acceptabilité sociale du projet Énergie Est au Québec, et même si TransCanada accepte les conditions de l'UPA, l'organisation n'appuiera pas davantage le projet, selon ce qu'a expliqué son