Le grand patron de Suncor Énergie a estimé jeudi qu'il était difficile pour le géant de l'énergie d'entreprendre tout nouveau projet d'importance compte tenu du difficile environnement économique qui prévaut actuellement.

Le chef de la direction du plus grand exploitant de sables bitumineux au Canada, Steve Williams, a indiqué aux investisseurs que son entreprise ne ferait vraisemblablement pas marche arrière en ce qui a trait à la façon de gérer ses activités.

Suncor travaille actuellement sur deux projets de croissance de plusieurs milliards de dollars dans le secteur des sables pétrolifères.

Mais une fois ces projets complétés, Suncor prendra «une pause des projets de croissance», a précisé M. Williams lors d'une conférence téléphonique pour discuter des résultats trimestriels de l'entreprise.

Le patron a précisé que Suncor continuerait à se concentrer sur la réduction de ses coûts et sur l'augmentation de sa production quotidienne, actuellement d'environ 691 000 barils à environ 800 000 barils d'ici 2019.

L'entreprise vise des réductions de coûts totalisant 500 millions $ pour cette année, en plus de celles de 1 milliard $ réalisées l'an dernier.

Suncor envisage aussi de vendre certains actifs, pour une valeur totale d'entre 1,0 milliard $ et 1,5 milliard $, au cours de la prochaine année. M. Williams a notamment précisé que la vente des activités de détail dans le gaz naturel était une possibilité.

Participation majoritaire dans Syncrude

Suncor a annoncé, tard mercredi, avoir conclu une entente 937 millions $ pour racheter la participation de 5 % de Murphy Oil Corporation dans le projet Syncrude, au nord de Fort McMurray, en Alberta.

L'entente fera passer la participation de Suncor dans Syncrude d'un peu moins de 49 % à près de 54 %, ce qui lui conférera le contrôle du projet de sables bitumineux.

Suncor a complété, le mois dernier, son acquisition d'un autre partenaire dans Syncrude, Canadian Oil Sands (COS), après avoir mené une âpre lutte pour en prendre le contrôle sans son consentement. Ce conflit a connu une issue pacifique lorsque les deux entreprises se sont entendues sur un accord amical, en janvier.

La transaction toute en actions était évaluée à 6,9 milliards $ au moment de l'acquisition, en incluant une somme de 2,6 milliards $ pour la prise en charge de la dette de COS. Elle faisait passer la participation de Suncor dans Syncrude de 12 % à 49 %.

L'entente avec Murphy Oil, qui devrait pour sa part entraîner une augmentation de la capacité de production de Suncor d'environ 17 500 barils par jour, devrait être conclue d'ici la fin juin, à condition qu'elle obtienne notamment l'approbation du Bureau de la concurrence.

Par ailleurs, Suncor a affiché mercredi soir une perte d'exploitation de 500 millions $ pour son premier trimestre, ce qui se compare à un bénéfice d'exploitation de 175 millions $ pour la même période l'an dernier.

Le bénéfice net, qui tient compte des éléments non récurrents, s'est établi à 257 millions $, stimulé par un gain sur les taux de change. Au premier trimestre de l'an dernier, Suncor avait réalisé une perte nette de 341 millions $, ce qu'elle avait entre autres attribué à une perte sur les taux de change.

Pour l'ensemble de la société, la production a grimpé à 691 400 barils par jour au cours du trimestre, ce qui était en hausse par rapport à la production moyenne de 602 400 barils par jour réalisée un an plus tôt. Cette augmentation était largement attribuable à l'augmentation de la participation de Suncor dans Syncrude avec le rachat de COS.

Les coûts d'exploitation au comptant pour chaque baril de brut tiré des sables bitumineux ont atteint en moyenne 24,25 $ au cours du premier trimestre, une amélioration par rapport à ceux de 28,40 $ déclarés un an plus tôt.