Les cours du pétrole ont fini en nette baisse vendredi, victimes d'un regain de scepticisme pour leur dernière séance avant une réunion cruciale de pays producteurs à Doha (Qatar).

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai a perdu 1,14 cents à 40,36 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), parvenant tout de même à enregistrer une petite hausse hebdomadaire dans un contexte d'espoirs d'une résorption de la surabondance d'or noir «Le marché est manifestement sous pression dans la perspective de la réunion de Doha», a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Une quinzaine de pays, dont la majorité des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et d'autres producteurs comme la Russie, vont se rencontrer dimanche au Qatar, ce qui attise les spéculations sur les chances d'un accord conséquent pour stabiliser leur offre.

Pour l'heure, «on a vraiment du mal à s'attendre à ce que ces producteurs décident de quelque chose de franchement détaillé», a expliqué M. Lipow. «À mon avis, ils vont annoncer un gel de la production au niveau de janvier, de février ou d'un mélange des deux, mais sans fixer de chiffre pour laisser le soin au marché de tirer ses conclusions !»

Les observateurs soulignent qu'un gel n'apporterait guère de nouveauté par rapport à un accord déjà conclu en ce sens en février par la Russie et l'Arabie saoudite, membre dominant de l'OPEP.

«Quant à un abaissement de la production, ce serait vraiment une bonne surprise, mais cela supposerait un virage à 180 degrés de l'Arabie saoudite, accompagnée par les autres participants, ce qui semble largement improbable», a reconnu dans une note Tim Evans, de Citi.

À ce titre, les investisseurs ont subi vendredi le coup de l'annonce que l'Iran n'enverrait pas à Doha son ministre du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, ce qui semble de mauvais augure quant à la bonne volonté de Téhéran.

L'Iran, grand rival régional de l'Arabie saoudite et membre comme elle de l'OPEP, n'a de toute façon eu de cesse lors des dernières semaines d'exclure tout gel de son offre, au moment où il fait son retour sur les marchés mondiaux à la suite de la levée de sanctions liées à son programme nucléaire.

«C'est remarquable que cette réunion ait suscité une attention aussi immense, alors que le principe se résume à présenter en fanfare un gel comme une réussite... puis à ne rien changer à l'offre», a conclu M. Evans sur le sujet.