Les cours du pétrole ont baissé mardi dans un marché repris par la prudence sur le niveau excessif de l'offre mondiale, après des signes peu engageants de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et avant des chiffres hebdomadaires aux États-Unis.

Déjà en baisse de plus d'un dollar la veille, le cours du baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en avril a perdu 84 cents à 36,34 $ US sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a plus légèrement reculé de 79 cents à 38,74 dollars, sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

« On fait toujours face à des problèmes liés à l'offre », a résumé Carl Larry, de Frost & Sullivan, se gardant toutefois de voir dans ce mauvais début de semaine un début de rechute durable à l'issue d'un mois de hausse.

Tombés au plus bas depuis 2003 en début d'année face à la surabondance mondiale d'or noir, les cours ont nettement rebondi, notamment grâce à un accord de gel de la production entre l'Arabie saoudite, membre dominant de l'OPEP, et la Russie, gros producteur extérieur au cartel, mais les investisseurs semblent désormais à la croisée des chemins.

Mardi, sans nouvel élément pour leur donner une direction, ils ont continué à digérer des propos datant de la veille, jugés peu encourageants sur la bonne volonté des membres de l'OPEP, tout en se préparant aux chiffres hebdomadaires du département de l'Énergie (DoE) des États-Unis sur l'offre américaine.

Sur le premier plan, « on se rend de plus en plus compte que le "gel" de l'offre entre membres de l'OPEP et gros producteurs extérieurs, c'est moins une avancée constructive qu'un statu quo », a résumé Tim Evans de Citi.

Tandis que l'Iran, qui appartient à l'OPEP et fait son retour sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions internationales, a prévenu qu'il ne participerait pas à un tel gel, la Russie a exclu qu'une réunion entre gros producteurs ait lieu ce mois-ci.

Marché sous pression

« Il se peut toujours qu'une réunion ait lieu en avril, mais ce ne serait pas surprenant que les partisans d'une telle rencontre en viennent bientôt à se concentrer sur le sommet de l'OPEP de toute façon prévu le 2 juin », comme tous les six mois, a jugé M. Evans.

Du côté de l'offre américaine, les investisseurs s'apprêtent à digérer mardi après la clôture les estimations professionnelles de la fédération American Petroleum Institute (API), toujours publiées la veille des chiffres officiels du ministère de l'Énergie (DoE).

Dans les deux cas, « on devrait prendre connaissance d'une hausse des réserves américaines de brut, et cette perspective met le marché sous pression à court terme », a rapporté M. Larry.

Les raffineries américaines sont actuellement en période de maintenance, ce qui risque d'encourager l'empilement de stocks de brut déjà à un niveau sans précédent depuis 1930, alors que les réserves de produits dérivés, comme l'essence, pourraient par contre décliner.

Néanmoins, après un bond de plus de dix millions de barils de brut la semaine précédente, « on devrait assister à une hausse bien moindre, car les raffineries fonctionnent à niveau considérablement plus élevé qu'à la même époque de l'an dernier », a relativisé Matt Smith, de ClipperData.

De plus, l'attention des investisseurs, qui ne s'étaient d'ailleurs pas affolés après le bond de la semaine dernière, pourrait plutôt se concentrer sur le niveau de la production américaine, qui recule de façon soutenue depuis près de deux mois malgré l'annonce d'un très léger rebond dans les derniers chiffres hebdomadaires du DoE.