Après avoir surmonté le manque de vent, les dépassements de coûts et les retards, le premier projet éolien 100 % communautaire Pierre-De Saurel est enfin prêt à décoller.

Le projet de la MRC vient d'obtenir un prêt de 71,3 millions de la Caisse centrale Desjardins, qui lui permettra d'élever ses 12 éoliennes à l'été et de commencer à livrer de l'électricité à Hydro-Québec le 1er décembre prochain, un an plus tard que prévu.

Ce retard a forcé la MRC à verser une pénalité de 500 000 $ à Hydro-Québec, mais la rentabilité du projet ne sera pas touchée, a expliqué hier Frédéric Tremblay, directeur général du Parc éolien Pierre-De Saurel.

Selon lui, le projet rapportera un peu plus que prévu à la MRC et aux propriétaires des terres agricoles qui accueilleront les éoliennes, en raison des coûts de financement qui ont baissé depuis le lancement du projet.

Le Parc éolien Pierre-De Saurel rapportera 50 millions pendant les 20 ans du contrat avec Hydro-Québec. La société d'État achètera l'électricité du parc éolien à 13,6 cents le kilowattheure, un prix qui augmentera d'année en année avec l'inflation. Il s'agit d'un des contrats d'approvisionnement éolien les plus coûteux conclus par Hydro-Québec.

Frédéric Tremblay explique que les projets communautaires coûtent plus cher parce qu'ils sont plus petits et qu'ils ne bénéficient pas des économies d'échelle des plus gros projets construits par des promoteurs privés comme Boralex ou Innergex. « On n'a pas le même pouvoir de négociation », dit-il.

MANQUE DE VENT

Le Parc éolien Pierre-De Saurel (25 mégawatts) devrait coûter 70,5 millions, soit 11 millions de plus que prévu. La hausse des coûts est surtout due aux faibles vents, qui ont forcé la MRC à acheter des tours d'éoliennes plus hautes. Ç'a coûté 8 millions de plus, a indiqué M. Tremblay.

Les mâts sont passés de 80 à 100 mètres. À cette hauteur, les tests indiquent que le vent est suffisant pour répondre aux engagements prévus par le contrat avec Hydro-Québec.

En plus de soulever des inquiétudes au sujet du vent, le projet Pierre-De Saurel a été contesté parce qu'un des maires de la MRC, Louis Joyal, accueillera trois des douze éoliennes du parc sur ses terres et recevra la part du lion des redevances versées aux propriétaires.

Le directeur général du projet a répété hier que le maire n'avait rien eu à voir dans le choix des emplacements des éoliennes et qu'il se fait remplacer lorsque des discussions ont lieu sur le projet à la MRC.

Malgré tous ces écueils, Frédéric Tremblay estime que le projet est un grand succès.

« La population va être très contente de cette bouffée d'air frais quand les premiers revenus vont arriver. » - Frédéric Tremblay, directeur général du Parc éolien Pierre-De Saurel

Le report d'un an du projet éolien Pierre-De-Saurel a aussi fait des heureux. Hydro-Québec a évoqué ce retard et celui de deux autres projets pour réduire sa demande d'augmentation tarifaire de 1,9 % à 1,7 % pour le 1er avril.

Le report des projets de Pierre-De-Saurel (25 mégawatts), de Saint-Cyprien-de-Napierville (8,8 mégawatts) et d'Éoliennes Belles-Rivières (24 mégawatts au Lac-Saint-Jean) a fait économiser 25 millions en achat d'électricité à Hydro, ce qui lui a permis de réduire la hausse de tarifs qu'elle réclame à la Régie de l'énergie.

Ces trois projets, plus deux autres attribués de gré à gré avec des communautés autochtones en Gaspésie et sur la Côte-Nord, permettront au gouvernement de respecter son engagement de développer 4000 mégawatts d'énergie éolienne.

Compte tenu des surplus importants d'Hydro-Québec, il serait étonnant que la nouvelle politique énergétique du Québec continue de forcer la société d'État à aider l'industrie éolienne en achetant de l'électricité dont elle n'a pas besoin à un coût très supérieur à son propre coût de production, qui est de 2,8 cents le kilowattheure.

INVESTISSEMENTS VERTS

Le Canada prend du retard

Les investissements dans les énergies vertes ont fracassé des records en 2015 dans le monde, mais ils ont baissé au Canada, déplore Clean Energy Canada, un groupe de spécialistes affilié à l'Université Simon-Fraser, en Colombie-Britannique. En 2015, 497 milliards ont été investis dans les énergies vertes, particulièrement le solaire et l'éolien. Alors que tous ses partenaires commerciaux - comme les États-Unis, le Mexique, l'Inde et la Chine - affichent une augmentation de ce type d'investissement, le Canada accuse une baisse de 46 %. L'absence de cibles fixées par les gouvernements explique cette situation, selon Clean Energy Canada.