Quelles seront les grandes orientations que prendra Hydro-Québec au cours des prochaines années, voire des prochaines décennies? Le PDG Éric Martel a répondu aux questions de La Presse.

Est-ce qu'Hydro-Québec est limitée dans sa capacité de conclure des ventes à long terme étant donné l'incertitude qui pèse sur le contrat de Churchill Falls avec Terre-Neuve, qui prendra fin en 2041 ?

On est très à l'aise de le faire. Mais on regarde tout ça. Si on prend des engagements, on va s'assurer qu'on peut les respecter. On va avoir un plan B et un plan C. Si le projet Northern Pass [ligne de transmission vers la Nouvelle-Angleterre] fonctionne, nos engagements vont dépasser 2041. Une des choses qu'on regarde, c'est le prochain grand projet hydroélectrique, après la Romaine. Il en reste encore. Je ne peux pas nommer les rivières, mais il y a encore au Québec trois à quatre projets qui peuvent être intéressants, économiquement, sur le territoire du Grand Nord.

Êtes-vous intéressés à vendre à l'Ontario ou préférez-vous vendre en Nouvelle-Angleterre où les prix sont plus élevés ?

On aurait pu vendre en Ontario pendant la réfection de ses centrales nucléaires, mais ce projet a été repoussé de cinq ans. L'Ontario a de la surcapacité de production actuellement, ils ne sont pas dans la nécessité d'acheter. Et le prix est moins intéressant que sur d'autres marchés, en Nouvelle-Angleterre, entre autres.

Vous avez besoin de nouvelles interconnexions pour pouvoir vendre plus aux États-Unis. Les deux projets que vous appuyez, Northern Pass Transmission et Vermont Green Line, sont-ils les deux plus intéressants parmi ceux qui sont connus ?

Oui, mais on en regarde d'autres, vers New York notamment. On est bien placés. Après avoir vu la liste des concurrents (pour l'appel d'offres), je peux vous dire que tout le monde devra parler à Hydro-Québec, parce qu'on peut fournir de l'énergie à la fois renouvelable et garantie.

Où voulez investir à l'international, et qu'est-ce que vous prévoyez faire, exploiter des centrales ou construire des barrages ?

Là où on se distingue, c'est dans la construction de barrages. Ça pourrait être ça, mais c'est à beaucoup plus long terme. Si je veux être capable de doubler les revenus dans les 15 prochaines années, ça risque plus de s'orienter vers des projets de transmission. C'est le deuxième endroit où on est vu comme la référence. Où ? Ça peut-être aux États-Unis, ça peut-être au Mexique ou au Chili et au Pérou. On regarde surtout dans les Amériques. Il faut être prudent et ne pas s'éparpiller.

Est-ce que le premier investissement se fera en 2016 ?

On a recréé une équipe de fusions-acquisitions. On a parlé avec toutes les grandes banques et toutes les caisses de retraite, dont la Caisse de dépôt, mais pas seulement la Caisse. Alors tout le monde est au courant de nos intentions. On a actuellement cinq ou six projets qu'on mène de front, mais ça ne veut pas dire qu'ils vont se réaliser. Notre préférence sera d'avoir le contrôle des projets, mais ça va dépendre aussi de nos partenaires.