Les cours du pétrole ont ouvert en baisse mardi à New York, les investisseurs restant sceptiques sur les chances d'assister à une réduction de l'offre face à une demande inquiétante à la veille des chiffres hebdomadaires sur les stocks de brut aux États-Unis.

Vers 17h25 GMT (12h25 à Montréal), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 33,12 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,12 dollar par rapport à la clôture de lundi.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance lâchait 1,30 dollar à 30,32 dollars.

Les cours du Brent et du WTI, auxquels la perspective d'une entente entre pays producteurs sur des réductions d'offre avait permis de nettement rebondir la semaine dernière, s'affichaient de nouveau dans le rouge depuis lundi.

Le baril de Brent, la référence européenne des cours du pétrole, a en effet perdu jusqu'à plus de 4% dans la journée, s'approchant des 32 dollars le baril, alors que son équivalent américain, le WTI, redescendait un temps sous le seuil symbolique des 30 dollars.

Les cours avaient en effet nettement progressé à la suite de spéculations sur la possibilité d'un accord entre la Russie et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour imposer une baisse de la production qui permettrait de réduire les excédents d'offre, mais le marché a depuis largement déchanté.

Ces spéculations avaient été notamment alimentées par des propos jeudi du ministre russe de l'Énergie qui avait indiqué que le cartel pétrolier voulait convoquer une réunion en février non limitée à ses membres et que Moscou était prête à y participer et précisé que l'Arabie saoudite (le plus gros producteur au sein de l'OPEP) avait évoqué dans le passé la possibilité d'une baisse générale de production de 5%.

Mais les craintes liées à la surabondance d'offre ont depuis repris le dessus à la faveur d'une production russe record en janvier et avant la publication des données sur les stocks américains de brut attendues mercredi, dont l'association professionnelle American Petroleum Institute (API) livrera sa propre estimation mardi après la clôture des marchés.

Les compagnies pétrolières russes ont pompé le mois dernier 46 millions de tonnes de pétrole et condensats, soit 18,88 millions de barils par jour en moyenne, ce qui représente une hausse de 1,5% par rapport à janvier 2015 et un record depuis la chute de l'URSS.

Malgré le scepticisme des experts sur la probabilité que se tienne une réunion entre pays de l'OPEP et producteurs hors cartel, le ministre russe de l'Énergie Alexandre Novak a reçu lundi son homologue vénézuélien Eulogio del Pino, dont le pays est membre de l'OPEP, qui doit également se rendre au Qatar, en Iran, et en Arabie saoudite, membres également.

Mais les analystes de Commerzbank précisaient mardi que, selon des délégués de l'OPEP, rien n'avait encore été décidé concernant la tenue d'une éventuelle réunion extraordinaire ce mois-ci.

En outre, «le secteur manufacturier des deux plus grands pays consommateurs de pétrole (NDLR la Chine et les États-Unis) est en récession, ce qui ranime les peurs sur la demande à venir», notaient-ils.

«Je ne pense pas qu'on ait encore atteint (un) niveau plancher en termes de cours, une baisse plus importante est probable au fur à mesure que l'activité (économique) va ralentir dans les mois à venir. La publication d'indicateurs concernant l'activité des services des deux côtés de l'Atlantique (mercredi) devrait accentuer la tendance baissière», prédisait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.

L'Institut français du pétrole Énergies nouvelles (IFP EN) a à l'inverse estimé mardi que le prix du pétrole ne peut durablement se maintenir autour de 30 dollars le baril car la baisse des investissements dans l'exploration et la production pétrolières entraînera un rebond, sans se prononcer sur son ampleur.