La chute du prix du pétrole brut malmène l'économie canadienne, mais les automobilistes ne bénéficient pas d'une baisse du prix à la pompe.

Dans son plus récent rapport sur la politique monétaire publié cette semaine, la Banque du Canada a établi que le prix du brut avait chuté d'environ 75 % par rapport au sommet atteint en juin 2014. Elle a cependant indiqué que le prix de l'essence à la pompe n'avait pas suivi « la chute du prix du brut, en se basant sur l'expérience historique ».

Le prix à la pompe était en moyenne de 1,02 $ le litre en décembre, alors que le prix du baril de pétrole atteignait 37,21 $ US. Cependant, en février 2009, le prix du baril s'établissait à 39,09 $ US - soit environ 2 $ US de plus que le prix du mois dernier - et le prix de l'essence à cette époque était de 85 cents le litre.

S'il est généralement convenu au sein de la population que les pétrolières profitent des habitudes de consommation pour tirer le maximum de profits du carburant, les analystes préviennent que la situation n'est pas si simple. L'incohérence entre le prix du brut et ce que les consommateurs paient à la pompe s'expliquerait ainsi par la faiblesse du dollar canadien ainsi que les hausses de la marge de raffinage et des taxes.

Selon Jason Parent, vice-président du cabinet Kent Group qui fournit des données sur le secteur pétrolier, le principal facteur qui entre en ligne de compte est le taux de change. Il estime que le prix de l'essence au Canada doit être plus haut afin d'être compétitif avec les marchés américains pour compenser la faiblesse du dollar, qui oscille autour de 70 cents américains depuis quelque temps.

Dan McTeague, un analyste à Gasbuddy.com, a confié que les automobilistes paieraient beaucoup moins cher le litre d'essence si le dollar canadien était à parité avec le dollar américain. Il a ajouté que la faiblesse du dollar était responsable d'une perte du pouvoir d'achat des automobilistes canadiens d'environ 12 %.

Et même si le prix du litre n'a pas baissé autant que l'auraient espéré les automobilistes, ils profitent néanmoins de l'économie pour circuler davantage. En conséquence, il y a une hausse de la demande de carburant, ce qui permet aux pétrolières d'augmenter leur marge de profit.

Il est à noter que la marge de profit et le prix du litre varient grandement au Canada et que ceux-ci sont vulnérables aux aléas régionaux.