Les prix du pétrole peinaient à se reprendre lundi après avoir fortement chuté depuis vendredi alors que la perspective du retour des exportations iraniennes de brut risque d'aggraver la situation de surabondance d'offre qui grève le marché depuis plus d'un an et demi.

Les cours du pétrole échangé à Londres et New York ont fortement creusé leurs pertes en fin de semaine dernière, finissant sous les 30 dollars vendredi et signant ce lundi à l'ouverture des échanges asiatiques de nouveaux plus bas en plus de douze ans.

«L'attention (des investisseurs) va de nouveau se focaliser (ce lundi) sur la direction des prix du pétrole, sur lesquels une pression supplémentaire s'exerce maintenant qu'il a été officiellement confirmé que l'Iran a reçu le feu vert pour réintégrer le marché pétrolier», a commenté Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

De son, côté, Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, a souligné que l'entrée en vigueur officielle de l'accord nucléaire - même s'il avait été largement anticipé par le marché - a enlevé aux investisseurs le mince espoir de voir éventuellement la levée des sanctions retardée et ainsi a ouvert la voie à une nouvelle débandade des cours.

Sur la semaine dernière, le marché pétrolier a déjà subi une chute de plus de 11% à New York et de près de 14% à Londres, à peine freinée par un petit rebond jeudi. Depuis le début des échanges lundi, il a perdu jusqu'à près de 4,4% à Londres et 2,6% à New York, lesté par les attentes du retour prochain des exportations iraniennes à la faveur de l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire.

En application de l'accord historique conclu en juillet entre Téhéran et les grandes puissances, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a certifié samedi que l'Iran avait respecté ses obligations visant à garantir la nature strictement pacifique de son programme nucléaire.

Cette attestation a entraîné la levée des sanctions économiques et financières de l'UE, des États-Unis et de l'ONU avec effet immédiat. Ces dernières ont asphyxié l'économie de Téhéran, puissance régionale et membre de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui dispose des quatrièmes réserves de brut au monde, et des deuxièmes de gaz.

Levée des sanctions au «pire moment»

«À partir de (lundi), l'Iran est désormais à nouveau en mesure d'exporter des quantités illimitées de pétrole et de gaz. Cette offre additionnelle n'aurait pas pu intervenir à un pire moment étant donné que le marché est déjà surapprovisionné en pétrole, ce qui signifie que l'excédent va encore s'accroître», ont expliqué les analystes de Commerzbank.

Comme annoncé depuis des mois, le ministère iranien du Pétrole a ordonné lundi l'augmentation de la production pétrolière du pays de 500 000 barils par jour, alors que le pays produit actuellement 2,8 millions barils par jour.

«Le marché pétrolier est soumis à une extrême pression depuis décembre en raison des inquiétudes macroéconomiques, de l'offre croissante de l'OPEP et d'un temps doux», ont observé les analystes de Barclays, estimant qu'il était encore trop tôt pour savoir quel type d'impact le retour de l'Iran aurait sur le marché et jusqu'à quel point il était déjà anticipé dans les prix.

«Il est peu probable que le volume de production (iranienne) augmente beaucoup plus significativement cette année», ont toutefois tempéré les analystes de Commerzbank, citant les exemples de l'Irak et de la Libye auxquels il a fallu environ 12 mois pour regagner leur niveau de production originel après les guerres de 2003 et 2011.

D'autant, ont-ils ajouté, que l'Iran n'a pas pu investir dans ses infrastructures pétrolières pendant de nombreuses années en raison des sanctions et doit désormais rattraper ce retard.

Les analystes de Barclays ont cependant souligné que les capacités d'exportation de l'Iran pourraient bien surprendre le marché étant donné les réserves de brut actuellement stockées par le pays.

La plupart des analystes s'accordaient en tout cas pour dire que l'afflux de barils supplémentaires de brut en provenance d'Iran allait compromettre toute reprise des prix dans un avenir proche, ouvrant la voie à un déclin encore plus prononcé des prix de l'or noir, qui pourraient plonger jusqu'à 20 dollars le baril dans un futur proche.