Les cours du pétrole ont stagné lundi à New York et baissé à Londres à leur plus bas depuis 2004, le niveau réduit des échanges encourageant des évolutions erratiques, même si la tendance restait à la déprime, vue la surabondance générale.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en janvier a pris un cent à 34,74 dollars sur le New York Mercantile Exchange (NYMEX), après avoir terminé la semaine précédente à son plus bas depuis février 2009.

À Londres, le prix du baril de Brent, référence européenne du brut, a plus souffert, perdant 51 cents à 36,35 dollars, soit son plus bas niveau en fin de séance depuis onze ans.

«D'un point de vue technique, le fait de battre des records à la baisse exacerbe la tendance au déclin» car les investisseurs abaissent leurs objectifs de cours, a expliqué Tim Evans, de Citi. «Du point de vue de l'équilibre réel du marché, la situation est peut-être moins dramatique.»

La baisse des cours à Londres ou leur difficulté à rebondir à New York «reflète plutôt le déséquilibre persistant entre l'offre et la demande que de nouveaux éléments d'actualité», a-t-il jugé.

Après avoir échoué pendant toute l'année à rebondir durablement, vu le contexte de surabondance générale et d'incertitudes sur la demande mondiale, le marché plonge encore plus bas depuis le début de décembre à la suite de la décision par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de ne plus se fixer d'objectifs chiffrés.

Expiration du contrat

À ce titre, le marché n'a obtenu aucun soutien depuis le week-end, puisque «le ministre irakien du Pétrole a prévenu que l'OPEP ne réduirait pas sa production, tandis que l'Agence internationale de l'Énergie a estimé que la production de l'Iran», membre du cartel, «augmenterait de 500 000 barils par jour en 2016», à la suite de la levée des sanctions occidentales, a rapporté John Kilduff, d'Again Capital.

«On savait déjà tout cela, mais c'est une piqûre de rappel quant aux facteurs défavorables pour le marché», a-t-il insisté.

Le risque d'afflux d'or noir iranien «est souligné par des rumeurs sur un accord entre l'Iran et l'Inde», a rapporté Matt Smith, de ClipperData. «L'Iran va approvisionner l'Inde en pétrole à un fort rabais (...) comme il tente de reconstruire sa part de marché.»

Les observateurs n'étaient guère plus optimistes à court terme, estimant que le niveau réduit des échanges, à cause de l'absence de nombreux investisseurs pour Noël et le jour de l'An, risquait de pousser les acteurs présents sur le marché à tirer les cours à la baisse.

«On risque d'essayer de voir jusqu'où le marché peut tomber, comme tout continue à témoigner d'une offre élevée et d'une demande réduite», a prévenu Carl Larry, de Frost & Sullivan, évaluant personnellement à 32 dollars le baril cet éventuel plancher.

Certains analystes estimaient par ailleurs que la relative bonne performance du baril de WTI, par rapport à son homologue londonien, était surtout due à des fluctuations incertaines à cause de l'expiration lundi du contrat pour janvier.

Enfin, sur un autre plan, «c'est le marché de l'essence qui a baissé le plus drastiquement, sur fond de rumeurs quant au report d'une grève dans une raffinerie d'ExxonMobil à Anvers», en Belgique, a remarqué M. Evans. «Cela laisse penser que les importations vont pouvoir augmenter dans le port de New York.»