Le projet d'oléoduc Énergie Est constitue un investissement privé milliardaire comme le Québec en compte trop peu. Par contre, il ne sera pas un grand créateur d'emplois une fois en exploitation. Seulement 33 Québécois travailleront à son exploitation, indique la mise à jour de ses retombées économiques publiées jeudi.

TransCanada a déposé jeudi la dernière version de son projet de pipeline de 4600 kilomètres auprès de l'Office national de l'énergie (ONE).

Selon les estimations préparées par le Conference Board du Canada au nom de TransCanada, l'oléoduc créera au Québec près de 2000 emplois par année pendant sa construction censée durer neuf ans, mais seulement 33 emplois par an une fois le pipeline en exploitation.

Le projet original de terminal en sol québécois prévoyait 110 emplois permanents.

« Il y a eu environ 700 changements du tracé et d'autres éléments, par exemple le déplacement du lieu prévu des différentes stations de pompage. C'est ce qui fait qu'il faut recommencer le processus d'acquisition des terres, de consultation avec les propriétaires et les municipalités », explique à La Presse Affaires Tim Duboyce, porte-parole de TransCanada.

Des traverses de cours d'eau par forage horizontal directionnel sont dorénavant privilégiées plutôt que par tranchée pour répondre aux préoccupations des résidants et des villes.

L'abandon du terminal de Cacouna repousse de 2018 à 2020 la mise en service du pipeline. Les périodes de planification et de construction sont prolongées, ce qui ajoute aux coûts.

APPUI DU MILIEU DES AFFAIRES

Le Conference Board évalue à plus de 9 milliards la contribution du pipeline au produit intérieur brut (PIB) du Québec sur une période de près de 30 ans.

« Le projet Oléoduc Énergie Est présente une occasion unique de développer et de maintenir une expertise québécoise spécialisée dans les domaines pétrolier et manufacturier ainsi que dans le secteur du génie et de la construction », ont soutenu jeudi six organisations issues du milieu des affaires dans un communiqué en guise de soutien au projet controversé.

De leur côté, les environnementalistes ont dénoncé jeudi un projet « anachronique » et ont demandé au premier ministre Trudeau de suspendre dès maintenant son évaluation par l'Office national de l'énergie.

« Énergie Est entraînerait une expansion de la production de pétrole des sables bitumineux de près de 40 %, a déclaré dans un communiqué Patrick Bonin, de Greenpeace. Or, toute expansion de la production de pétrole non conventionnel est totalement incompatible avec l'objectif de tenter de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius tel qu'adopté par 195 pays lors de la Conférence de Paris. »

De son côté, TransCanada n'est pas inquiète, même si plusieurs voient mal comment le Canada peut concilier l'exploitation des sables bitumineux avec ses engagements climatiques.

« On peut voir Énergie Est comme un projet très pertinent pour la période de transition devant nous, dit M. Duboyce. Nous allons absolument, comme société, bouger davantage vers des sources d'énergie renouvelables. Mais au moment où on se parle, les technologies n'existent pas encore pour combler adéquatement nos besoins sans se servir du pétrole si on veut maintenir le mode de vie que nous avons. »

- Avec La Presse Canadienne

QUELQUES CHANGEMENTS APPORTÉS AU PROJET

• Déviation à Lanoraie pour éviter une tourbière

• Déviation de 20 km à Mirabel pour éviter de traverser une zone où la municipalité envisage un développement immobilier

• Modification de la traversée du fleuve à Saint-Augustin, près de Québec, où la descente sous l'eau était jugée trop abrupte