Les cours du pétrole ont encore reculé vendredi à New York dans un marché entraîné dans une spirale baissière qu'aucune actualité ne venait enrayer.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en janvier a perdu 22 cents à 34,73 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), toujours au plus bas depuis février 2009.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a cédé 18 cents à 36,88 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Les données fondamentales justifient toujours la tendance baissière», a noté Kyle Cooper, chez IAF Advisors.

La phase de baisse en cours, moins rapide cette semaine que la précédente, a débuté le 4 décembre avec la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de ne pas fixer de limite à la production de ses pays membres, alors que le marché est déséquilibré par les excédents. Elle s'est confirmée mercredi avec l'annonce de stocks de brut bien plus élevés que prévu aux États-Unis.

Pour couronner le tout, la société de services pétroliers Baker Hughes a annoncé vendredi qu'il y avait cette semaine 17 puits de pétrole en activité de plus aux États-Unis que la semaine précédente.

Les cours légèrement hésitants ont alors confirmé leur recul, mais sans accélération.

Pour M. Cooper, le nombre de puits «est déjà à un niveau très bas», en recul des deux tiers par rapport à octobre 2014, et cette progression ne doit pas être de nature à contrer l'espoir que la production américaine finisse par baisser prochainement.

Avant la clôture, les cours avaient tenté plusieurs incursions dans le vert. «Il va venir un moment où il va falloir rebondir», a estimé M. Cooper.

Mais «toute tentative de rebond est plus superficielle que la précédente, certains suggérant que nous pourrions voir les prix décliner davantage vers les 30 dollars le baril sur le court à moyen terme», a estimé pour sa part Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

Les cours avaient en effet déjà connu un petit rebond lundi et mardi, qui a vite tourné court.

«Malheureusement pour le marché du pétrole, les stocks de brut et de produits pétroliers aux États-Unis ont beaucoup monté cette semaine, le temps reste doux ce qui touche la demande en fioul domestique, et l'OPEP continue à produire autant que tous ses membres le veulent, donc pour que le marché trouve un plancher et se stabilise, il lui faut un déclin régulier de la production aux États-Unis», a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

M. Lipow a estimé que le marché avait désormais les yeux braqués sur les niveaux planchers atteints par le WTI durant la crise de 2008-09, à savoir un prix de 32,40 dollars atteint en séance en décembre 2008, et 33,87 dollars en clôture.

Selon lui, «les choses se présentent mieux en 2016», grâce à une baisse attendue de la production et une reprise de la demande.

Les analystes de Commerzbank estimaient également que dans la mesure où les prix bas signifient que la production n'est plus rentable dans beaucoup d'endroits, on pouvait s'attendre à une réduction de l'offre en 2016.

«L'Agence internationale de l'Énergie (AIE) pense par exemple que l'offre des pays hors OPEP baissera l'an prochain plus fortement qu'à aucun autre moment au cours des 24 dernières années. Cela devrait entraîner un rééquilibrage du marché et permettre aux prix de se reprendre», observaient-ils.