Les cours du pétrole ont encore lourdement chuté vendredi dans un marché déprimé par le refus de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de baisser sa production afin de réduire les excédents.

Le cours du baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en janvier a perdu 1,11 dollar à 39,97 dollars le baril sur le New York Mercantile Exchange (NYMEX), après avoir oscillé autour du seuil des 40 dollars pendant la plus grande partie de la séance.

« Le marché n'a pas très bien pris l'annonce de l'OPEP, qui semble vraiment être en plein désarroi avec [la division parmi] ses membres, et a fait le choix le plus facile de ne rien faire et d'attendre de voir si les choses s'améliorent », a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé lors de sa réunion semestrielle à Vienne de maintenir inchangé son niveau actuel sa production de pétrole.

« Nous avons pris connaissance du niveau actuel de production, qui se situe au-dessus des 30 millions de barils qui ont été approuvés, et avons décidé que réduire ce niveau n'allait pas avoir beaucoup d'effet sur le marché », a argumenté le ministre nigérian du Pétrole Emmanuel Ibe Kachikwu, qui préside l'Organisation cette année.

« De toute évidence l'OPEP ne va recevoir aucune aide des pays hors OPEP pour réduire la production, et même à l'intérieur de l'OPEP, certains membres veulent continuer à augmenter la production, et l'Iran compte sur les autres pays membres de faire de la place pour le retour de son pétrole » sur le marché, a décrypté M. Lipow.

James Williams, chez WTRG Economics, a souligné que les pays de l'OPEP « ne semblent pas compter sur un accord au printemps puisqu'ils ont programmé leur prochaine réunion pour le 2 juin 2016. À ce stade ils auront une meilleure évaluation de la production iranienne, des dégâts causés dans la production de pétrole de schiste [aux États-Unis] et du nombre de projets en mer ou dans les sables bitumineux qui auront été retardés ou annulés ».

Dans ce contexte, l'annonce d'une nouvelle nette baisse du nombre de puits en activité aux États-Unis est passée presque inaperçue.

Selon la société de services pétroliers Baker Hughes, il n'y avait plus que 545 puits de pétrole en activité vendredi, soit 10 de moins qu'une semaine plus tôt et 66 % de moins qu'en octobre 2014.

« Ce que l'OPEP espère, c'est que le déclin du nombre de puits va finir par se ressentir sur la production nord-américaine et ramener l'offre et la demande mondiales dans une meilleure situation », a estimé M. Lipow.

C'est la deuxième fois cette semaine que le baril de WTI finit sous les 40 dollars. Il avait dégringolé mercredi après l'annonce d'une nouvelle hausse des stocks et de la production aux États-Unis.

Selon M. Lipow, il pourrait renouer dès la semaine prochaine avec le plancher de 38,24 dollars atteint en août, voire l'enfoncer et retrouver des niveaux qu'on n'avait plus vus depuis la crise de 2008-09.