Les cours du pétrole ont encore nettement baissé vendredi à New York, gardant le ton d'une semaine de déprime au cours de laquelle les investisseurs ont vu s'éloigner l'espoir d'une diminution de l'excès d'offre.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en décembre a perdu 1,01 dollar à 40,74 dollars sur le New YorkMercantile Exchange (Nymex), cédant quelque 8% sur l'ensemble de la semaine pour tomber au plus bas niveau d'un contrat de référence depuis août.

À Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, dont c'était le dernier jour comme contrat de référence, a reculé de 45 cents à 43,61 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Le marché a été sous pression toute la semaine» et «craint de retomber comme en août à ses plus bas niveaux depuis six ans», a résumé Gene McGillian, de Tradition Energy, mettant l'accent sur les inquiétudes autour du niveau élevé de l'offre américaine.

«L'espoir d'une diminution de l'offre a été brisé par l'annonce d'une hausse des stocks de brut et d'un rebond de la production aux États-Unis», a-t-il précisé, en référence à des chiffres publiés jeudi par le gouvernement américain.

Sur le plan de l'offre américaine, les investisseurs ont subi un nouveau coup vendredi avec l'annonce d'un rebond, certes minime à deux unités, du nombre de puits actifs aux États-Unis, selon un décompte établi par le groupe privé Baker Hughes.

«Comme les raffineries sortent de leur saison de maintenance, on devrait assister à une reprise de la demande de brut et à une stabilisation de la hausse des stocks, qui s'inversera probablement d'ici la fin de l'année», a observé Matt Smith, de ClipperData.

«Mais comme le montre la hausse observée cette semaine, de 4,2 millions de barils, les États-Unis restent inondés de pétrole brut, malgré l'accélération de l'activité des raffineries», a-t-il reconnu. «Cela vient soit d'une production toujours importante, soit d'importations toujours élevées... Ou des deux.»

Le dollar pèse

À l'international, les nouvelles n'ont pas été plus favorables, après que «l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a publié ce (vendredi) matin un rapport plutôt défavorable», selon les termes de Mike Lynch, de Strategic Energy and Economic Research.

L'AIE, bras énergétique de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), a prévenu que le gonflement sans précédent des stocks ces derniers mois devrait peser sur un marché déjà lesté par une offre excédentaire, d'autant plus que la consommation mondiale d'or noir va ralentir en 2016.

«En réaction, le marché du pétrole continue à essayer de voir jusqu'où il peut baisser», a commenté Tim Evans, de Citi.

Les investisseurs s'inquiètent d'autant plus de la surabondance mondiale que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ne laisse en rien croire qu'elle réduira ses quotas de production lors de sa prochaine réunion semestrielle, dans moins d'un mois.

«De plus, la déprime du marché est peut-être accentuée par une baisse des Bourses, après des chiffres décevants sur le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro au troisième trimestre ainsi que les ventes au détail d'octobre aux États-Unis, et un renforcement du dollar», a estimé M. Evans.

La force du billet vert, qui continue à profiter de la perspective d'une normalisation monétaire rapide aux États-Unis, nuit au marché pétrolier, car les échanges, libellés en monnaie américaine, y deviennent plus coûteux.