Barrick Gold, plus important producteur d'or au monde, tente de regagner la confiance des investisseurs, et le président de l'entreprise était de passage à Montréal hier pour véhiculer son message.

Environ 200 membres de la communauté des affaires montréalaise s'étaient déplacés hier midi à l'hôtel Reine Elizabeth pour écouter Kelvin Dushnisky raconter comment Barrick a revu son mode d'exploitation et comment l'entreprise s'y prend pour essayer de redevenir l'entreprise qu'elle a déjà été.

Le passage de Kelvin Dushnisky à Montréal ne s'arrêtait pas à cette allocution organisée par le Canadian Club. Après son discours d'une trentaine de minutes, il avait rendez-vous avec des investisseurs institutionnels montréalais.

Dans sa présentation aux gens d'affaires, Kelvin Dushnisky a indiqué que la stratégie de redressement s'articulait autour de quatre principaux piliers: la décentralisation de son modèle de gestion; le renforcement du bilan; la bonification des flux de trésorerie; la qualité du portefeuille d'actifs.

«Nous revenons à ce qu'était notre ADN original», a-t-il dit en rappelant certaines erreurs commises par l'ancienne direction. Il a notamment souligné que Barrick avait erré en bouclant des acquisitions par endettement, ce qui a contribué à placer Barrick dans une position difficile lorsque le vent a tourné dans le secteur aurifère.

La fin du cycle a été dure pour Barrick. Le prix de l'or s'est replié de près de 50% après avoir frôlé la barre des 2000$US l'once il y a quatre ans.

Des dépassements de coûts pour certains projets ont aussi fait mal à Barrick, qui avait habitué ses actionnaires à des réalisations «dans les temps et selon les budgets», rappelle Kelvin Dushnisky, qui a accédé à la présidence de Barrick à la fin de l'été après avoir été coprésident environ un an.

Pour réussir son retour aux sources et renouer avec ce qui a fait son succès d'antan, Barrick s'est départi de certains actifs et compte en vendre d'autres. Ces ventes ont contribué à l'objectif fixé de réduction de la dette. La direction a également mis en place des mesures de réduction des coûts dans le but de «faire plus avec moins», dit Dushnisky. La direction veut aussi montrer un nouveau côté de Barrick en travaillant en partenariat. «Nous n'avons pas toujours à faire les choses en solitaire.»

Pour l'instant, les investisseurs semblent demeurer sceptiques. La Caisse de dépôt et placement a complètement liquidé sa participation (2,2 millions d'actions) dans Barrick Gold à la fin de la dernière année. Et l'action de Barrick, qui valait plus de 50$ il y a cinq ans, vaut moins de 10$ aujourd'hui, ce qui n'est pas très loin du creux de 7$ atteint le mois dernier.

Barrick au Québec

Barrick Gold n'a plus d'actifs ou de projets au Québec aujourd'hui. Mais la province a fait partie du coeur de l'entreprise dès sa fondation par Peter Munk au début des années 80. Si les activités de Barrick ont commencé avec une mine dans le nord de l'Ontario en 1983, la deuxième acquisition fut, l'année suivante, la mine de Camflo, à Val-d'Or. Les mines Doyon et Bousquet, à Rouyn-Noranda, ont été d'importants actifs à une certaine époque. En outre, son géologue en chef, François Robert, habite Montréal. Il n'a pas à être à Toronto au quotidien, car il est appelé à voyager sur une base régulière. L'ex-premier ministre du Canada, Brian Mulroney, ne siège plus au conseil d'administration depuis l'an passé. Il demeure toutefois conseiller sur les affaires internationales. Il agit à titre de représentant de Barrick en vue de favoriser les intérêts de l'entreprise dans plusieurs régions, notamment en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Il est également président du conseil consultatif international de Barrick.