L'État de New York a ouvert une enquête sur le groupe pétrolier ExxonMobil pour déterminer si le géant texan a menti sur les risques liés au changement climatique et leur impact potentiel sur l'industrie pétrolière, a indiqué jeudi à l'AFP le ministère de la Justice.

Eric Schneiderman, ministre de la Justice de l'État du nord-est des États-Unis, a adressé mercredi une assignation au géant pétrolier, a-t-on ajouté de même source, confirmant des informations du New York Times.

Dans cette assignation, le ministre demande à ExxonMobil de lui fournir une foule de documents financiers et lettres portant sur des déclarations liées au changement climatique. Les demandes portent sur les activités du groupe depuis 1977.

M. Schneiderman veut déterminer si ExxonMobil a correctement informé les investisseurs et le grand public sur les risques financiers potentiels posés par le besoin de limiter l'utilisation des énergies fossiles.

Il s'intéresse notamment au financement par ExxonMobil de recherches climato-sceptiques et cherche à déterminer si l'entreprise a caché à la communauté financière des études montrant le rôle néfaste des énergies fossiles dans le changement climatique.

Le géant pétrolier a confirmé dans un courriel à l'AFP avoir bien reçu la requête du ministre et «évaluer» sa réponse.

«Nous rejetons expressément les allégations rapportées par les médias selon lesquelles ExxonMobil a supprimé des études sur le changement climatique», fustige le groupe.

Il s'agit «de déformations des 40 ans d'histoire de recherches d'ExxonMobil sur le climat qui furent conduites conjointement avec le département de l'Énergie, des chercheurs et un panel intergouvernemental onusien sur le changement climatique», ajoute-t-il.

Dans un document mis en ligne le 16 septembre, le groupe disait faire des efforts pour participer à la lutte en faveur du climat. Il affirmait par exemple aider les ménages américains à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre depuis les années 1990.

«L'assignation d'ExxonMobil est une information révolutionnaire», s'est réjouie de son côté l'ONG environnementale Greenpeace. «L'obstination du géant pétrolier à nier le changement climatique est quelque chose qui devrait tous nous interpeller», ajoute-t-elle.

M. Schneiderman prévoit d'étendre son enquête à d'autres groupes énergétiques, selon son entourage.

Chevron, l'autre grande major pétrolière américaine, assure aussi partager les «inquiétudes» de la communauté internationale sur le climat, mais met en garde contre tout frein à l'activité économique.