Le gouvernement américain a annoncé une mauvaise nouvelle à TransCanada, qui souhaite construire l'oléoduc Keystone XL - il a refusé de permettre un délai dans l'évaluation du projet qui avait été demandé par l'entreprise de Calgary.

La réaction de l'administration Obama est venue deux jours après que TransCanada l'eut priée de suspendre temporairement sa demande d'autorisation, un geste qui avait causé la surprise des deux côtés de la frontière.

«Nous n'avons pas à interrompre (le processus) à la demande d'un requérant. Il n'y a aucune base légale pour faire cela», a tranché le porte-parole du département d'État, John Kirby, évoquant la missive qui a été envoyée à l'entreprise canadienne.

«Nous avons dit à TransCanada que les démarches se poursuivraient et quand ce sera fini, à ce moment-là, lorsqu'il y aura des choses à dire, nous le ferons», a-t-il ajouté.

L'oléoduc Keystone XL acheminerait près du quart des exportations pétrolières du Canada vers des raffineries près du golfe du Mexique, ce qui nécessite un permis pour qu'il puisse traverser la frontière.

La demande de TransCanada a été accueillie avec stupéfaction, puisque l'entreprise et l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper militaient depuis des années pour que le processus d'approbation soit accéléré.

En fait, la requête a été interprétée par l'administration Obama comme une décision de nature politique. Le gouvernement estime que TransCanada voulait ainsi augmenter ses chances de faire approuver son projet par une possible future administration républicaine en 2016 - ce que l'entreprise nie.

En réaction à la nouvelle de mercredi, le porte-parole de TransCanada Mark Cooper a simplement affirmé qu'il «respectait la décision».

Étant donné les nombreux commentaires négatifs formulés par le président Barack Obama sur le projet, l'administration américaine devrait rejeter la demande d'autorisation de TransCanada. D'ailleurs, les principaux aspirants à la tête du Parti démocrate se sont sciemment opposés au projet: Hillary Clinton et Bernie Sanders ont tous deux annoncé qu'ils étaient contre.

Le Parti démocrate s'est même ouvertement attaqué à TransCanada dans une lettre visant à collecter des fonds envoyée la semaine dernière - un signe que l'oléoduc pourrait être au coeur des débats entre les démocrates et les républicains en vue de l'élection présidentielle de 2016.

Toute la saga de Keystone XL a affecté les relations diplomatiques entre le Canada et les États-Unis, en plus d'inspirer d'autres combats contre les oléoducs au pays, dont certains ont porté fruit. En Alberta, l'entreprise Shell a laissé tomber son projet de sables bitumineux de Carmon Creek, invoquant les conditions du marché du pétrole et le manque d'infrastructures pour transporter les ressources.

Malgré cette opposition grandissante aux projets, les exportations pétrolières du Canada sont en hausse aux États-Unis. Des chiffres récents démontrent que les importations de produits pétroliers canadiens aux États-Unis ont grimpé encore par rapport à l'année dernière.