Les cours du pétrole ont légèrement monté vendredi à New York et baissé à Londres, quelques prises de bénéfices venant ralentir le marché à la fin d'une semaine de forte hausse face à l'espoir d'une diminution de l'offre mondiale.

En nette hausse en début de séance, le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en novembre a ralenti pour ne gagner finalement que vingt cents à 49,63 dollars sur le Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance a perdu 40 cents à 52,65 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«On assiste simplement à quelques prises de bénéfices à la fin d'une très bonne semaine», a résumé Matt Smith, de ClipperData. «Après la forte hausse des dernières séances, on rencontre de la résistance au niveau des 50 dollars.»

Les cours, qui s'étaient stabilisés le mois dernier autour de 45 dollars le baril après avoir chuté à leur plus bas niveau depuis six ans, rebondissent depuis le début du mois et ont pris plus de quatre dollars sur l'ensemble de la semaine à New York.

Malgré le ralentissement de vendredi, les derniers éléments en date sont plutôt favorables, avec notamment une nouvelle baisse du nombre de puits en activité aux États-Unis, selon le décompte hebdomadaire établi par le groupe privé Baker Hughes.

Avec un déclin de 9 unités, cet indicateur a baissé pour la sixième semaine de suite et semble de nature à encourager un marché qui a déjà salué cette semaine l'annonce par le département américain de l'Énergie d'une baisse de la production aux États-Unis en septembre.

«Le sentiment a changé sur le marché, puisque l'on continue à assister à une baisse de la production américaine, et que l'on prévoit que cela continue en 2016», a rapporté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Le niveau élevé de la production, que ce soit aux États-Unis, dans l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ou en Russie a largement contribué à faire baisser les prix de moitié depuis la mi-2014.

Géopolitique

Sur ce plan, certains observateurs observent cependant avec prudence le rebond des cours, car l'OPEP semble rester attachée à sa stratégie de protection de ses parts de marché.

«D'après des sources bien informées, la production de pétrole de l'Arabie saoudite a été assez stable en septembre, à 10,22 millions de barils par jour (mbj), soit 60 000 barils par jour (b/j) de moins que le mois précédent», ont rapporté les analystes de PVM, notant aussi la solidité de l'offre au Koweit et dans les Émirats arabes unis.

Signe que certains acteurs du cartel rencontrent tout de même des difficultés, le Venezuela, l'un de ses membres dont l'économie a le plus souffert  du bas niveau des cours, a annoncé une réunion entre pays de l'OPEP et pays hors OPEP le 21 octobre.

Parmi les autres facteurs positifs vendredi, les cours «ont été stimulés par la faiblesse du dollar», a jugé M. Smith, les échanges pétroliers étant libellés en monnaie américaine et donc moins coûteux quand elle perd du terrain.

Enfin, «les risques géopolitiques sont de plus en plus pris en compte par le cours, à cause des événements dans le Moyen-Orient», a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Le groupe djihadiste État islamique (EI) a réussi vendredi une avancée soudaine près d'Alep en Syrie, profitant de la confusion générale suscitée par les frappes russes dans les régions tenues par les rebelles contre le président Bachar al Assad.

«Le marché a peur que le conflit syrien s'élargisse, vu que la Russie et l'Iran accentuent leur soutien au régime d'Assad, tandis que l'Arabie saoudite aide les rebelles», a expliqué M. Lipow.

La Syrie n'est pas un producteur majeur de pétrole, mais un de ses voisins immédiats, l'Irak, lui-même plongé dans la guerre, est un important producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).