Canadian Oil Sands, qui cherche à gagner du temps face à l'offre d'achat non sollicitée de Suncor Énergie dont elle fait l'objet, a annoncé mercredi qu'elle aurait recours à une pilule empoisonnée pour se défendre.

Le nouveau régime de droits des actionnaires pourrait entrer en vigueur si quelqu'un tente de s'emparer de 20 % ou plus des actions en circulation de COS (TSX:COS). À cet instant, les autres actionnaires de l'entreprise pourraient obtenir des actions à un prix réduit, ce qui rendrait l'acquisition moins attrayante pour l'acheteur hostile.

Les offres autorisées en vertu du nouveau régime de droits des actionnaires - qui vient s'ajouter à un autre qui est déjà en place - doivent être ouvertes pendant 120 jours. Puisque la proposition de 4,3 milliards toute en actions de Suncor est en vigueur jusqu'au 4 décembre, COS juge qu'elle n'est pas recevable.

Suncor (TSX:SU) a annoncé lundi qu'elle transmettait son offre d'achat directement aux actionnaires de COS, après deux tentatives infructueuses de négociation avec sa direction. Elle avait approché COS en mars et en avril dans l'espoir d'en arriver à une entente amicale.

L'offre de Suncor prévoit aussi la prise en charge de la dette de 2,3 milliards de COS, ce qui porte la valeur de la transaction proposée à 6,6 milliards.

La proposition actuellement en vigueur est inférieure aux deux autres offres avancées plus tôt cette année - elle est de 8,84 $ par action en vertu de la fermeture de vendredi, comparativement à 11,84 $ au 31 mars.

Les perspectives pour le cours du pétrole se sont détériorées depuis les premiers mois de l'année. Même si le prix du baril de West Texas Intermediate s'est rapproché de la barre des 50 $US le baril ces derniers jours, Suncor prévoit toujours un scénario de bas prix à plus long terme.

«Le conseil étudiera l'offre non sollicitée de Suncor tant dans le contexte actuel qu'à la lumière du solide potentiel à long terme de Canadian Oil Sands», a indiqué le président du conseil d'administration de COS, Donald Lowry.

«Les actionnaires n'ont pas besoin d'agir ou de prendre une décision au sujet de l'offre de Suncor jusqu'à ce que le conseil ait eu l'occasion d'étudier l'offre dans son ensemble et fournir une recommandation en s'appuyant sur une analyse prudente.»

Le chef de la direction de Suncor, Steve Williams, a critiqué la décision de COS.

«Nous sommes déçus, mais pas étonnés, par la décision de COS d'adopter un nouveau régime de droits des actionnaires approuvé par le conseil en réaction à notre offre. Cette tactique de défense inappropriée limite l'habileté des actionnaires de COS à prendre une décision», a-t-il affirmé.

«Lorsque nous avons présenté notre offre (...) lundi, il s'agissait d'une offre autorisée et le régime de droits des actionnaires en place avait été approuvé par les actionnaires de COS. Avec une prime de 43 % par rapport à la valeur du marché et un investissement dans une société qui a un solide dossier pour ce qui est de retourner l'argent aux actionnaires, nous sommes confiants vis-à-vis de la valeur que notre offre procure aux actionnaires de COS.»

COS est le plus grand partenaire dans le projet de sables bitumineux Syncrude, dans le nord-est de l'Alberta, avec une participation de 37 %. Suncor possède déjà une participation de 12 % dans ce développement.

Si Suncor - déjà le plus grand producteur de sables pétrolifères - réussit à prendre le contrôle de COS, il détiendra la moitié de Syncrude.

Suncor et Syncrude sont les propriétaires des plus anciennes activités du secteur des sables bitumineux, avec des mines voisines au nord de Fort McMurray, en Alberta.

Certains observateurs croient que la Pétrolière Impériale (TSX:IMO), contrôlée par l'américaine ExxonMobil, pourrait être intéressée à renchérir sur l'offre de Suncor. L'Impériale détient déjà 25 % de Syncrude et est le gestionnaire de ses activités quotidiennes.

Les autres partenaires dans Syncrude sont Sinopec, Nexen, Murphy Oil et Mocal Energy.