Les cours du pétrole ont enregistré un rebond technique mardi à New York, au lendemain d'une nouvelle chute à leur plus bas niveau depuis début 2009, mais le marché manquait toujours d'optimisme à la veille de chiffres hebdomadaires sur l'offre américaine.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en octobre a gagné 1,07 dollar à 39,31 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), se maintenant sous le seuil des 40 dollars.

À Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne du brut, a nettement moins rebondi, prenant 52 cents à 43,21 dollars, là aussi sur le contrat pour octobre.

Après avoir perdu plus de 20 dollars le baril depuis début juillet, le marché pétrolier new-yorkais avait terminé lundi sous le seuil des 40 dollars pour la première fois depuis février 2009, chutant comme la plupart des marchés mondiaux dans la foulée d'un nouvel écroulement des Bourses chinoises.

«En ce qui concerne les prix du brut, même si on rebondit (...) aujourd'hui, le sentiment tend toujours vers le pessimisme à plus large échelle», a prévenu Matt Smith, de ClipperData.

Les cours ont d'ailleurs nettement ralenti en fin de séance, après avoir gagné plus de 1,5 dollar le baril, suivant ainsi la tendance des principaux indices boursiers à Wall Street.

Les inquiétudes sur l'économie chinoise frappent particulièrement les cours de l'or noir, car le pays est le deuxième consommateur mondial de pétrole après les États-Unis, et donc l'un des principaux espoirs de relance de la demande face à une offre excessive.

«Les marchés financiers et de matières premières retiennent leur souffle en suivant les évènements actuels en Chine», où la Bourse de Shanghai a rechuté mardi, ont résumé les analystes de Commerzbank, l'actualité pétrolière étant en elle-même réduite.

Production scrutée aux É.-U.

Comme tous les milieux de semaine, les investisseurs vont tout de même se concentrer sur les chiffres sur l'état des réserves américaines, avec de premières estimations de la fédération privée American Petroleum Institute (API) mardi après la clôture, puis, surtout, les statistiques officielles du département de l'Énergie (DoE) mercredi en début de séance.

«La majorité des gens s'attendent à ce que les réserves de brut aient augmenté de deux millions» de barils la semaine dernière, ce qui pousse plutôt les investisseurs à se mettre en retrait, a rapporté Bob Yawger de Mizuho Securities.

«Ce serait particulièrement hasardeux de passer à l'achat avant le rapport du DoE», a-t-il estimé, jugeant que les raffineries avaient probablement ralenti la cadence et limité ainsi l'utilisation des réserves de brut. «La semaine dernière, les stocks avaient monté de façon inattendue, et cela a contribué à faire chuter le marché sous les 40 dollars.»

«Au moins, cette fois, on s'attend à un tel chiffre, et je ne suis pas sûr que l'on aura une réaction semblable en cas de hausse des stocks, même si cela mettrait le marché sous pression», a conclu M. Yawger.

Les analystes de Commerzbank mettent, eux, l'accent sur la situation de la production aux États-Unis. Pour eux, la dégringolade des cours implique que «de nombreux petits producteurs de pétrole de schiste risquent de ne pas être capables de couvrir leurs coûts».

«Sans financement externe, il est probable qu'ils sortent du marché», ce qui entraînerait une nette baisse de la production américaine et «permettrait aux cours de se reprendre», ont-ils jugé.