Une entente conclue entre trois distributeurs - dont Gaz Métro - et TransCanada permettra aux clients québécois et ontariens de gaz naturel d'être à l'abri des coûts reliés à la conversion d'un tronçon d'oléoduc proposé par l'entreprise albertaine dans le cadre de son projet Énergie Est.

En plus de garanties d'approvisionnement, le règlement annoncé lundi prévoit des économies estimées à près de 100 millions $ étalées jusqu'en 2050 pour les clients s'approvisionnant auprès du réseau gazier surnommé le «triangle de l'Est».

«Si Énergie Est va de l'avant, les consommateurs vont payer moins cher en raison des tarifs de transport qui seront moins élevés», a expliqué la présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sophie Brochu, lundi, au cours d'une entrevue téléphonique.

Toutefois, le président d'Union Gas, Steve Baker, a concédé que les économies potentielles pour les consommateurs n'avaient pas été calculées.

«Ça ne sera pas des sommes énormes, mais notre but était de nous assurer que nos clients ne soient pas pénalisés par ce projet», a-t-il expliqué au cours d'un entretien au téléphone.

Mme Brochu a expliqué que l'entente intervenue entre Gaz Métro, Union Gas et Enbridge Gas Distribution avec TransCanada répondait à l'ensemble des exigences d'approvisionnement des distributeurs.

«Ce qui nous préoccupait ne nous préoccupe plus, a-t-elle dit. Nous voulions protéger nos clients. Nous sommes heureux que notre mission soit accomplie.»

Gaz Métro est le plus important distributeur de gaz naturel au Québec alors que l'Ontario est le principal marché des deux autres entreprises.

Inquiètes pour l'approvisionnement de leurs clients, les trois sociétés font front commun depuis environ un an pour remettre en question la décision de TransCanada de convertir un tronçon de son gazoduc entre North Bay et Ottawa afin d'y faire passer du pétrole.

Mme Brochu s'était notamment attaquée à la proposition de l'entreprise albertaine de construire un nouveau gazoduc dans ce secteur du nord-est de l'Ontario, estimant que la capacité de cette nouvelle infrastructure allait être réduite de moitié, ce qui, d'après elle, allait provoquer une augmentation des prix.

«On prévoit toujours la construction d'un gazoduc, mais il va répondre à nos demandes d'approvisionnement», a précisé la dirigeante de Gaz Métro.

Énergie Est vise à acheminer quotidiennement environ un million de barils de pétrole des sables bitumineux albertains à travers un oléoduc de quelque 4600 kilomètres qui passera par le Québec pour se rendre à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Dans le cadre du projet, la société établie à Calgary propose de convertir 3000 kilomètres de gazoduc.

TransCanada a assuré que son Réseau Principal de l'Est continuera de répondre aux exigences de distribution des contrats de gaz naturel, incluant ceux pour 2016-2017, en plus d'offrir une capacité de 50 millions de pieds cubes par jour.

Par voie de communiqué, son président et chef de la direction, Russ Girling, a estimé que l'entente permettra aux consommateurs de bénéficier d'un approvisionnement efficace à la fois en gaz naturel ainsi qu'en pétrole.

«Notre intention a toujours été de nous assurer que nos clients du Québec et de l'Ontario puissent recevoir le gaz dont ils ont besoin et c'est ce que nous faisons grâce à cette entente», a-t-il souligné.

La société albertaine - qui a abandonné son projet de terminal maritime à Cacouna, mais qui dit continuer à évaluer d'autres sites au Québec - compte amender son projet d'oléoduc auprès de l'Office national de l'énergie d'ici le 30 octobre.

L'entente entre les distributeurs et TransCanada survient à peine deux semaines après qu'un rapport de la Commission de l'énergie de l'Ontario eut conclu qu'Énergie Est comportait des risques environnementaux et que le projet pourrait faire grimper la facture des consommateurs de gaz naturel.

Selon Mme Brochu, la publication de ce document n'a pas accéléré les pourparlers entre les parties, puisqu'ils étaient en cours depuis plusieurs mois.

«L'Ontario est venu corroborer nos dires», a dit la présidente et chef de la direction de Gaz Métro, qui ne se prononce pas pour ou contre Énergie Est.

Le 14 août dernier, à Montréal, le ministre québécois de l'Énergie, Pierre Arcand, avait par ailleurs dit ne pas voir comment le gouvernement Couillard pourrait favoriser Énergie Est sans entente entre Gaz Métro et TransCanada sur l'enjeu du gaz naturel.