Shell (RDS.A) a annoncé jeudi 6500 suppressions d'emplois et de nouvelles économies face à une faiblesse des cours du pétrole qui pourrait durer des années, s'ajoutant aux milliers de suppressions de postes annoncées dans le secteur de l'énergie ces derniers jours.

Ces coupes, prévues cette année, toucheront une partie des 94 000 employés de Royal Dutch Shell à travers le monde mais aussi des sous-traitants directs.

D'autres entreprises du secteur énergétique ont récemment annoncé des suppressions d'effectifs: le groupe britannique Centrica a ainsi annoncé de son côté jeudi son intention de réduire ses effectifs de 4000 emplois, tandis que l'italien Saipem avait annoncé en début de semaine vouloir diminuer ses effectifs de 8800 personnes.

Shell prévoit en outre de réduire ses investissements pour faire face à une faiblesse des cours qui «pourrait durer plusieurs années», selon le groupe pétrolier anglo-néerlandais.

Ils devraient ainsi atteindre 30 milliards de dollars cette année, soit 3 milliards de moins que prévu en avril et une réduction de 7 milliards par rapport à l'an dernier.

De nouvelles économies sont également au menu, avec une réduction prévue des coûts opérationnels de 4 milliards de dollars cette année.

Le groupe va par ailleurs continuer à vendre des actifs pour un montant de 20 milliards de dollars au total en 2014 et 2015. Dernier exemple en date: Shell a vendu jeudi ses actions dans le japonais Showa Shell Sekiyu au numéro deux nippon du secteur, le raffineur Idemitsu Kosan, pour l'équivalent de 1,4 milliard de dollars.

«Nous devons nous montrer résilients dans un monde où les cours du pétrole demeurent bas pendant un certain temps, tout en gardant un oeil sur la reprise», a expliqué Ben van Beurden, le directeur général de la multinationale.

Malgré ses prévisions pessimistes pour l'instant, Shell précise voir «un potentiel pour un retour à des cours à 70-90 dollars à moyen terme». Le baril de Brent de la mer du Nord, la référence européenne du brut, valait moins de 54 dollars jeudi matin.

Le secteur réduit la voilure face à la chute des cours

Les prix du pétrole ont chuté de moitié depuis juin 2014, malgré une petite reprise ces dernières semaines, conduisant de nombreuses entreprises du secteur à réduire la voilure face à ce contexte difficile qui pèse sur leurs bénéfices.

Shell, qui doit racheter son concurrent britannique BG Group, a ainsi annoncé parallèlement jeudi une chute de 25% de son bénéfice net au deuxième trimestre, à 3,986 milliards de dollars, son activité ayant souffert dans l'amont (exploration et production) malgré une bonne performance dans le raffinage.

Les résultats sont cependant supérieurs aux attentes, si bien que l'action Royal Dutch Shell «A» bondissait de 3,40% jeudi vers 5h30 (heure de Montréal) à la Bourse de Londres.

«Il est clair que la direction prend l'initiative pour repenser l'activité afin de faire face à un cours du pétrole faible», ont salué les analystes de Barclays.

Cela s'ajoute à «des résultats rassurants qui démontrent que l'activité sous-jacente est capable de fournir des bénéfices relativement robustes dans un environnement de cours déprimés», ont-ils ajouté.

Centrica, un fournisseur de gaz et d'électricité, a également annoncé jeudi son intention de réduire ses effectifs de 4000 emplois dans le cadre d'un plan stratégique.

La maison mère de British Gas veut se concentrer sur les services en direction du public et prévoit de limiter son activité dans l'exploration et la production d'hydrocarbures ainsi que la production d'énergie.

Dans le détail, le groupe prévoit de supprimer au total 6000 emplois mais a par ailleurs l'intention d'en créer 2000 nouveaux, soit une réduction nette de 4000.

Victime de la faiblesse des cours comme Shell, la société italienne de services pétroliers Saipem, filiale du géant pétrolier Eni, avait annoncé mardi avoir réduit ses prévisions à la baisse pour 2015, ainsi qu'une réduction d'effectifs portant sur 8800 emplois en trois ans.