Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.) aimerait bien vendre de l'hydroélectricité du Labrador à l'Ontario, et elle envisage divers scénarios pour l'acheminer jusque-là, dont certains éviteraient de passer par le Québec.

Le ministre des Ressources naturelles de T.-N.-L., Derrick Dalley, a indiqué lundi à Halifax qu'une entente avait été conclue avec le ministre ontarien de l'Énergie, Bob Chiarelli, pour la mise sur pied d'un groupe de travail. Cette annonce fait suite à la décision des premiers ministres des provinces et territoires, la semaine dernière, d'élaborer une stratégie énergétique nationale, mais les discussions entre l'Ontario et T.-N.-L. avaient déjà débuté l'an dernier, a précisé le ministre Dalley.

L'Ontario pourrait être intéressée par l'électricité du projet de Muskrat Falls, sur le cours inférieur du fleuve Churchill, au Labrador, mais aussi à la production de Gull Island, le prochain mégaprojet hydroélectrique dans cette région. Le coût de ce projet - au moins 12 milliards $ - exige des engagements fermes et à long terme de clients potentiels comme l'Ontario, a indiqué le ministre Dalley.

L'électricité produite par le projet Muskrat Falls sera transportée par de tout nouveaux câbles sous-marins du Labrador vers l'île de Terre-Neuve, mais aussi de l'île jusqu'à la Nouvelle-Écosse, via le «Maritime Link» de 180km, pour exportation vers les États-Unis ou d'autres provinces canadiennes. Mais on ne sait pas encore quelle route prendrait l'électricité du Labrador jusqu'à l'Ontario, a admis le ministre terre-neuvien.

La solution la plus directe serait bien sûr de passer par le réseau québécois, une province qui, selon Terre-Neuve-et-Labrador, lui met des bâtons dans les roues en matière énergétique depuis des années. Le groupe de travail nouvellement créé avec l'Ontario pourrait de fait analyser des scénarios moins coûteux que celui du passage par le réseau d'Hydro-Québec.

À l'issue de la rencontre annuelle du Conseil de la fédération, la semaine dernière à Terre-Neuve-et-Labrador, justement, le premier ministre Philippe Couillard a répondu à des journalistes que le Québec était ouvert aux discussions, et qu'il s'agit d'une question de capacité du réseau d'Hydro-Québec et de droits de passage. Une ouverture qui a réjoui le ministre Dalley.

Son collègue ontarien Chiarelli a soutenu de son côté qu'une telle entente entre les trois partenaires pourrait être cruciale pour l'élaboration éventuelle d'un réseau énergétique national.

L'Ontario n'a pas de problème d'approvisionnement en électricité actuellement, mais la province devra importer de l'«énergie propre» de T.-N.-L. pendant au moins 12 ans, le temps de remettre à neuf 10 réacteurs nucléaires, a expliqué le ministre Chiarelli. Pendant ces grands travaux, le gouvernement libéral préférerait éviter les centrales au gaz, qui émettent des gaz à effet de serre, a-t-il dit.

Selon un rapport de la Chambre de commerce de l'Ontario, publié plus tôt ce mois-ci, les tarifs d'électricité sont plus de deux fois plus élevés dans cette province qu'au Manitoba et au Québec, les deux provinces voisines, ce qui «tue la petite entreprise», selon l'organisme.