Une levée des sanctions contre l'Iran va lester des cours du pétrole déjà plombés par la surabondance d'offre, car Téhéran entend augmenter ses exportations, tandis que certains pays de l'OPEP ne sont pas prêts à céder du terrain aux barils iraniens.

L'Iran et les grandes puissances sont parvenus à finaliser mardi à Vienne un accord historique sur le nucléaire iranien, un dossier qui empoisonne les relations internationales depuis douze ans.

L'objectif de l'accord est de garantir que le programme nucléaire iranien ne peut avoir de débouchés militaires, en échange d'une levée des sanctions internationales - y compris sur les exportations de pétrole du pays - qui étouffent l'économie iranienne.

«Le marché s'attend à ce que la production de l'Iran augmente, ce qui va s'ajouter à la surabondance d'offre actuelle», a expliqué Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

Le ministre du Pétrole Bijan Namdar Zangeneh avait assuré en juin dernier, lors d'une réunion organisée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), que le pays pourrait produire un million de barils de plus par jour dans les six à sept mois qui suivraient la levée des sanctions.

Pas de hausse immédiate des exportations

Les observateurs du marché du pétrole ne sont pas aussi optimistes quant aux volumes de brut qui sortiront des puits du pays, car les installations pétrolières vieillissantes pourraient mettre un frein à un redémarrage rapide.

Charles Robertson de Renaissance Capital estime ainsi que la production iranienne va rebondir de 750 000 barils par jour pour atteindre 4,4 millions de barils par jour (mbj) en 2016.

«Combiné aux 19 millions de barils de pétrole stockés (en Iran), ceci devrait faire grimper les exportations iraniennes à 2,4 mbj en 2016, contre 1,6 mbj en 2014», a souligné l'analyste.

«Je m'attends à une hausse de la production et des exportations entre 250 000 et 400 000 barils par jour une fois que les sanctions seront assouplies, probablement à la mi-2016», soulignait Richard Mallinson, analyste chez Energy Aspects.

L'Iran va devoir en effet restreindre significativement son programme nucléaire avant que les sanctions des États-Unis et l'Union européenne soient allégées, a tempéré l'analyste.

Bataille pour les parts de marchés

Toutefois dans un marché où l'excédent de pétrole atteint entre 1,5 et 2 mbj, malgré une demande qui se reprend, toute augmentation de l'offre mondiale est accueillie négativement par les marchés, et ce même si la levée des sanctions ne sera pas immédiate.

Vers 6h00 (heure de Montréal), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 56,43 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,04 dollar par rapport à la clôture de lundi.

D'autant plus que l'OPEP, qui produit un peu plus du tiers de brut mondial, a continué d'augmenter sa production dans l'objectif de conserver et de gagner de nouvelles parts de marché ces derniers mois.

L'Arabie saoudite, chef de file du cartel, et l'Irak ont fortement augmenté leur production de pétrole cette année, et il parait peu probable, selon plusieurs analystes, que ces deux pays fassent de la place aux barils de brut iraniens.

«Si l'Arabie saoudite ne réduit pas sa production pour accommoder le retour de l'Iran alors la bataille pour les parts de marché va s'intensifier et cela va être négatif pour les cours du pétrole», a prévenu Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.

Dans ce cadre, l'objectif de production de l'OPEP, fixé à 30 mbj mais largement dépassé ces derniers temps, n'aurait plus beaucoup de raison d'être. «Le cartel devra certainement revenir à des quotas individuels par pays pour instaurer une discipline», a conclu M. Mallinson.