Les prix du pétrole ont baissé jeudi à New York, dans un marché en panne de motivation pour sortir de l'attentisme suscité par l'incertitude des négociations sur la dette grecque.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en août a perdu 57 cents à 59,70 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a terminé la séance en baisse de 29 cents, à 63,49 dollars, sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres.

«Les annonces sur la Grèce continuent à dominer le marché, (...) et je crois qu'on est incapable de continuer à la hausse quand cela pèse sur l'Europe», a déclaré Phil Flynn, chez Price Futures Group.

«Ce qui est bizarre, c'est que les chiffres économiques s'améliorent (en Europe), les achats d'actifs (de la Banque centrale européenne) renforcent la demande, donc s'il n'y avait pas ce nuage noir de la Grèce planant sur le marché, je crois que ça irait bien», a-t-il ajouté.

«Les investisseurs se préparent à d'éventuelles réactions aux pourparlers sur la Grèce, même si on voit sur les marchés une lassitude parallèle à celle des ministres des Finances qui essaient de négocier un accord», a également estimé Tim Evans, de Citi.

«La volatilité des prix du pétrole est apparemment au plus bas en sept mois après leurs six semaines de surplace», a-t-il ajouté.

Les chiffres ambigus fournis mercredi par le ministère américain de l'Energie (DoE) n'ont donné aucun encouragement au marché, en dépit d'un reflux des stocks de brut nettement plus prononcé qu'attendu.

«Beaucoup d'investisseurs ont (en fait plus) prêté attention à la hausse de la production» de brut aux Etats-Unis, a en effet souligné Oliver Sloup, de iiTrader.com.

«Nous produisons toujours beaucoup de pétrole, les pays de l'Opep produisent toujours beaucoup de pétrole, et nous sommes à la saison de plus forte demande, donc on s'attend à voir décliner les stocks (de brut), mais quand l'été se terminera on va voir la demande se tasser, et la production continuer à augmenter, et cela va mettre beaucoup de pression sur les prix dans les mois d'automne et d'hiver», a prédit M. Sloup.

«Et puis il y a l'Iran», dernier facteur à peser, selon M. Flynn.

Le groupe «5+1» (Chine, États-Unis, France, le Royaume-Uni, Russie et Allemagne) tente d'achever ces jours-ci 20 mois de discussions intensives avec la République islamique pour un accord garantissant qu'elle ne se dotera pas de l'arme nucléaire en échange d'une levée des sanctions internationales.

Si les sanctions internationales contre l'Iran étaient levées, le pays pourrait produire un million de barils de pétrole par jour supplémentaires dans les six mois qui suivent, selon Téhéran.

D'après les analystes de Natixis, avec un retour de l'Iran sur les marchés, le surplus d'or noir mondial pourrait atteindre 2,2 millions de barils par jour au dernier trimestre 2015.

Selon Ole Hansen, de Saxo Bank, les marchés pourraient ne pas avoir déjà intégré cette éventualité et les prix pourraient se trouver sous pression.

Mais M. Flynn estime pour sa part qu'il est improbable qu'un accord soit conclu à la date prévue du 30 juin, «il est possible que le marché monte nettement si cette date limite est dépassée», a-t-il affirmé.