L'Office national de l'énergie (ONÉ) exige qu'Enbridge mène des tests hydrostatiques sur trois tronçons de son pipeline 9B avant d'en inverser le flux.

L'organisme fédéral a annoncé jeudi que l'entreprise devra mener ces examens deux tronçons en Ontario et un autre à Mirabel, au nord de Montréal. L'entreprise albertaine devra injecter de l'eau à haute pression dans la canalisation afin de confirmer la solidité du tuyau.

La vice-présidente de l'ONÉ, Lyne Mercier, affirme que les trois segments ont été choisis parce qu'on y trouve de légères déficiences telle que de petites fissures ou de la corrosion.

Les tests internes menés par Enbridge ont permis de certifier l'intégrité de la conduite, dit-elle. L'organisme souhaite néanmoins en avoir le coeur net parce que les trois secteurs visés par l'ordonnance sont densément peuplés et on y trouve plusieurs cours d'eau qui pourraient être contaminés en cas de déversement.

« La seule raison pour laquelle on a choisi trois tronçons, c'est pour avoir une sécurité additionnelle », a résumé Mme Mercier en entrevue.

Cette nouvelle exigence de l'ONÉ sera la dernière avant la mise en service de la ligne 9B, qui acheminera du pétrole de North Westover en Ontario vers Montréal.

« Enbridge va faire le test, explique Mme Mercier. Si le test passe pour ces trois endroits, ça veut dire que le test passerait partout. »

Mme Mercier rappelle que l'ONÉ a exigé plusieurs contrôles de sécurité additionnels après la mise en service du pipeline.

Le porte-parole d'Enbridge, Éric Prud'homme, a indiqué que l'entreprise étudie l'ordonnance de l'ONÉ.

« Enbridge examine cette demande et les autres conditions précisées dans cette décision afin de déterminer ce qui est requis aux fins de la conformité, de la portée des travaux et des échéanciers, a-t-il indiqué dans une déclaration écrite. Même si les conditions doivent être respectées avant que le pipeline ne soit mis en exploitation, l'octroi de cette autorisation de mise en service vient reconnaître l'analyse technique poussée et détaillée et les gestes concrets posés à l'égard de la sécurité et de l'intégrité qu'Enbridge a consacrés à ce projet au cours des trois dernières années. »

Villes

Plusieurs villes québécoises traversées par l'oléoduc ont exigé la tenue de tests hydrostatiques au cours des dernières semaines, notamment Montréal, Laval et Terrebonne.

Enbridge s'opposait à la tenue de ces tests au motif qu'elle a effectué plusieurs excavations et mené de nombreuses inspections pour s'assurer de l'intégrité de la conduite, qui est en opération depuis 40 ans.

Une commission parlementaire lancée à Québec par le gouvernement Marois avait recommandé la tenue de ces tests. Mais l'ONÉ, l'organisme fédéral qui réglemente les projets interprovinciaux, n'en avait pas exigé jusqu'ici.

Le maire Denis Coderre s'est dit « satisfait et d'accord » avec la décision de l'ONÉ, estimant que les principales interrogations de la Communauté métropolitaine de Montréal qu'il préside avaient été répondues.

Denis Coderre en a par ailleurs profité pour lancer des flèches à Postes Canada, l'invitant à « prendre des notes » sur la façon dont a travaillé l'ONÉ le dossier de l'oléoduc 9B. Il a salué l'ouverture de l'Office, estimant que « quand une institution se comporte de cette façon, le citoyen est gagnant ».

Rappelons que Montréal s'oppose au projet de Postes Canada de mettre fin à la livraison du courrier à domicile, notamment en raison du nombre élevé de boîtes postales communautaires qui devraient être implantées dans des secteurs densément peuplés. Le maire a maintes fois dénoncé ce qu'il décrit comme la façon cavalière de procéder de la société de la couronne.

-Avec Pierre-André Normandin