TransCanada (T.TRO) songe toujours à un port pétrolier au Québec, mais même si elle y renonce, les retombées économiques du projet d'oléoduc Énergie Est seront au rendez-vous pour la province, promet son dirigeant.

Si la société décide de ne conserver qu'un seul terminal, à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, elle mettra à jour ses données quant à l'impact économique du projet au Québec, affirme son président et chef de la direction, Russ Girling.

En entrevue, il a toutefois précisé que les montants ne seraient pas vraiment moins élevés, puisque la majorité des dépenses concerne la construction de l'oléoduc, dont la mise en service - initialement prévue en 2018 - a été repoussée à 2020.

«La source de développement économique sera les 4 milliards de dollars que nous allons dépenser (pour la construction). C'est certain qu'avec un terminal, nous allons dépenser un peu plus», a-t-il dit en marge de la Conférence de Montréal.

Le tracé initial d'Énergie Est prévoyait le transport quotidien d'environ 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux albertains à travers un oléoduc de quelque 4600 kilomètres vers le Québec et le Nouveau-Brunswick.

M. Girling a martelé que c'est au Québec que les travailleurs allaient dépenser lorsque viendra le temps, par exemple, de manger au restaurant ou de louer des chambres d'hôtel pendant la construction de l'oléoduc.

«Nous allons verser annuellement aux alentours de 250 millions de dollars en taxes pour la durée de vie de l'oléoduc, a-t-il ajouté. Nous allons acheter plus de 100 millions de dollars d'énergie à Hydro-Québec, qui devra bâtir des lignes pour alimenter nos stations de pompage.»

Lorsque TransCanada avait abandonné son projet de construire un port pétrolier à Cacouna, en avril dernier, les partis d'opposition à l'Assemblée nationale avaient affirmé que les retombées économiques s'annonçaient minces pour le Québec.

En plus des données fournies, M. Girling a ajouté que TransCanada s'était engagée à acheter de l'équipement auprès de fournisseurs locaux pendant la construction, ce qui devrait également stimuler les retombées économiques.

Pour l'instant, le patron de TransCanada n'a pas voulu dire quand l'entreprise prendra la décision de construire ou non un port pétrolier au Québec, réitérant que le processus d'évaluation suivait son cours.

Lors de l'assemblée annuelle de l'entreprise, le 1er mai dernier, M. Girling avait toutefois concédé qu'Énergie Est est tout à fait envisageable même avec un seul terminal pétrolier situé au Nouveau-Brunswick

En n'établissant pas d'échéancier précis dans ce dossier, il estime que sa société ne met pas de pression inutile sur les intervenants concernés par un projet de port pétrolier à un autre endroit dans la province.

Même s'il est de passage dans la métropole pour quelques jours, M. Girling n'avait pas, pour le moment, de rencontres formelles prévues avec des ministres ou représentants du gouvernement Couillard.

Entre temps, après l'entrevue que M. Girling a accordée à La Presse Canadienne, Québec a confirmé son intention de confier au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) un mandat afin de se pencher sur la portion québécoise d'Énergie Est.

Le mandat consiste en deux étapes: la création d'un comité d'experts ainsi que la réalisation d'une enquête et d'une audience publique.

La surprise des bélugas

C'est la présence de bélugas - classés en voie d'extinction - au large des côtes de Cacouna, dans le Bas-Saint-Laurent, qui avait principalement forcé la société à abandonner son projet de terminal dans la région.

Sur cet aspect, M. Girling a concédé qu'il ne s'attendait pas à ce changement de classification pour le béluga.

«Cacouna remplissait toutes les conditions d'un point de vue économique, a-t-il expliqué. Mais lorsque le béluga est devenu une espèce en voie d'extinction, c'était autre chose d'un point de vue environnemental.»

Si Énergie Est a provoqué une certaine levée de boucliers au sein de la population et dans certaines municipalités concernées, TransCanada continue de croire qu'elle est toujours en mesure de vendre son projet aux Québécois.

Selon M. Girling, les gens continuent à «conduire leur voiture» et à consommer de l'énergie, même si à long terme on voudra réduire les émissions de gaz à effet de serre.

«Un oléoduc, pour acheminer une importante quantité de pétrole (...) à un endroit, est de loin le moyen de transport le plus sécuritaire», a-t-il dit.

Selon le dirigeant de TransCanada, si l'on demande aux Canadiens de choisir entre un pipeline et d'autres moyens de transporter du pétrole, comme le train, ils pencheront en faveur du pipeline.

À l'approche des élections fédérales, M. Girling a brièvement expliqué qu'il ne s'attend pas à ce que l'oléoduc Énergie Est - dont les coûts totaux sont estimés à 12 milliards de dollars - ne se transforme en enjeu électoral dans la province.