Les cours du pétrole ont perdu un peu de terrain lundi à New York et Londres, face aux signes d'une offre saoudienne toujours élevée, même si le marché bénéficiait du soutien de nouveaux troubles en Irak et au Yémen.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juin a perdu 26 cents à 59,43 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, désormais contrat de référence, a terminé la séance à 66,27 dollars, en baisse de 54 cents par rapport à la clôture de vendredi.

Le marché, sur lequel les cours rebondissent depuis deux mois après avoir chuté sous les 45 dollars le baril à New York, a ouvert dans le vert mais s'est vite replié.

«Au début, le marché était en hausse à cause de ce qui se passe à Ramadi, en Irak, et de la situation au Yémen», a rapporté Phil Flynn, de Price Futures Group. «Les risques géopolitiques ont soutenu les prix.»

Des milices chiites et des forces gouvernementales tentent de reprendre Ramadi, une ville stratégique, aux djihadistes du groupe État islamique (EI), tandis qu'au Yémen, les raids aériens de la coalition antirebelles, menée par l'Arabie saoudite, ont repris après une trêve de cinq jours.

Néanmoins, ce contexte géopolitique troublé «ne devrait avoir pratiquement aucun effet sur l'offre de pétrole», ont jugé les experts de Commerzbank.

Les cours n'en ont, quoi qu'il en soit, pas profité durablement, et leur repli a été accentué par «l'annonce que les exportations saoudiennes avaient atteint leur plus haut niveau depuis 2005», a rapporté M. Flynn.

Riyad a exporté 7,9 millions de barils par jour en mars, selon les chiffres de la Joint Organization Data Initiative (Jodi), une base de données lancée dans les années 1990 par plusieurs organismes, dont l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole.

«On s'est ainsi rappelé que le marché reste très bien approvisionné par l'Arabie saoudite, et cela semble avoir pesé sur les prix», a noté M. Flynn.

Reprise prématurée

Même s'il s'est récemment repris, le marché, sur lequel les prix ont chuté de moitié entre juin et janvier, reste sous la pression d'une offre élevée, à la fois de l'OPEP, dont Riyad est l'acteur dominant, et des États-Unis, où les réserves de brut commencent à peine à baisser après avoir régulièrement battu des records depuis près de 85 ans.

Sur ce plan, le marché digère un ralentissement de la baisse persistante du nombre de puits de forage américains en activité. Il n'a décliné que de huit unités, selon le décompte hebdomadaire du groupe Baker Hughes.

«On continue à agir en dépit du bon sens en ce qui concerne le pétrole», a jugé Carl Larry, de Frost & Sullivan. «On produit toujours plus de neuf millions de barils de brut par jour, et il y a plus de 16 millions de barils par jour qui passent par nos raffineries.»

Le niveau élevé de l'offre mondiale a poussé la banque d'affaires Goldman Sachs à réviser lundi ses estimations de prix à la baisse.

«Nous estimons que la récente reprise est prématurée, et les prix sont trop hauts par rapport aux fondamentaux actuels et futurs», notaient les analystes.

Enfin, le marché a pâti d'un net renforcement du dollar, «les inquiétudes sur la Grèce pesant sur l'euro», comme l'a noté Tim Evans, de Citi.

Comme les échanges pétroliers sont libellés en dollar, il y a souvent une corrélation inversée entre le renforcement de la monnaie américaine et l'évolution des cours.