Les cours du pétrole ont marqué une pause vendredi à New York après avoir grimpé de 25 % en un mois, souffrant notamment d'un léger renforcement du dollar.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juin a perdu 48 cents à 59,15 dollars en clôture au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent pour livraison en juin a cédé pour sa part 32 cents à 66,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

Dans une journée sans grand volume d'échanges en l'absence de nombreux investisseurs marquant la Fête du travail en Europe et en Asie, le dollar a repris un peu de vigueur, ce qui a pesé sur toutes les matières premières libellées en billets verts, à commencer par le pétrole.

En outre, a noté Phil Flynn, chez Price Futures Group, le gouvernement irakien a annoncé que ses exportations de pétrole de mars étaient au plus haut depuis 35 ans.

Selon l'agence Bloomberg, l'Irak, deuxième producteur de pétrole parmi les membres de l'OPEP derrière l'Arabie Saoudite, a expédié 92,4 millions de barils en mars (2,98 millions de barils/jour), soit un bond de 15 % par rapport à février.

Du coup, «les inquiétudes sur la surabondance de l'offre ont repris le dessus», a déclaré M. Flynn.

Mais globalement, «le recul est assez modeste vu la hausse» des dernières semaines, a-t-il souligné.

En tout état de cause, «il est temps que le marché reprenne son souffle et cède quelques dollars», a déclaré Michael Smith, chez T & K Futures and Options.

Durant la semaine, le marché avait progressé à l'annonce mercredi d'une progression moins importante que prévu des stocks de brut aux États-Unis, et surtout d'un recul de 500 000 barils de ceux se trouvant au terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma), le premier en 21 semaines.

Vendredi, l'annonce d'une nouvelle réduction du nombre de puits en activité aux États-Unis, selon un décompte hebdomadaire de la société de services pétroliers Baker Hughes, a permis de  soutenir les cours car elle confirme les attentes d'un reflux de la production aux États-Unis, qui a déjà commencé à se manifester en avril.

D'une façon générale, même si une pause semble inévitable à M. Smith, il a estimé que «le contexte est à la hausse».

«Nous avons atteint un plancher» il y a quelques semaines, a-t-il assuré, et «le côté demande de l'équation de marché devrait soutenir les cours», en particulier à l'approche de la saison des déplacements en voiture qui accompagnent le printemps.

D'autres analystes étaient plus prudents, notant que l'offre d'or noir demeure très supérieure à la demande.

«Nous estimons que la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) devrait augmenter de 125 000 barils par jour (bj) et atteindre 30,9 millions bj, à cause d'une hausse de l'offre saoudienne et une reprise des exportations libyennes», estimaient ainsi les analystes de JBC.

De plus, selon Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix, le directeur de Whiting, une compagnie indépendante du secteur pétrolier amont, a estimé que si les cours du WTI atteignaient 70 dollars le baril cela pourrait de nouveau pousser à la hausse le nombre de puits, et la production américaine.

«Les cours du WTI pour livraison en décembre s'approchent des 65 dollars le baril, et se rapprochent du niveau de prix qui pourrait conduire à une progression de la production dans la deuxième moitié de 2016», expliquait M. Jakob.