La fermeture de l'usine Vaudreuil de Rio Tinto Alcan (RTA) située à Jonquière, où travaillent près de 1000 personnes, pourrait être envisagée en 2022 si rien n'est fait d'ici là, prévient l'entreprise.

Dans un mémoire de 16 pages, le directeur des opérations de métal primaire de RTA en Amérique du Nord, Étienne Jacques, souligne que les installations de cette raffinerie d'alumine font face à un «enjeu technique».

Selon lui, le site actuel d'entreposage de résidus de bauxite pourrait atteindre sa pleine capacité d'ici 2022, ce qui pourrait compromettre l'avenir de l'usine et ses «emplois de qualité».

«D'un point de vue opérationnel, la fermeture de cette usine est envisageable, est-il écrit. Rio Tinto Alcan souhaite ouvrir rapidement la discussion avec les parties prenantes afin d'étudier les options possibles.»

Advenant la fermeture de l'usine Vaudreuil - qui produit annuellement environ 1,5 million de tonnes d'alumine - RTA explique qu'elle ferait venir l'alumine par bateau plutôt que de la produire au Saguenay à partir de la bauxite.

En opération depuis 79 ans, la raffinerie d'alumine située à Jonquière est l'unique usine en mesure de transformer la bauxite en Amérique du Nord.

M. Jacques souligne dans le mémoire que dans une entente remontant à 2006, RTA s'était engagée à assurer la survie des installations jusqu'en 2008, ajoutant que les améliorations techniques permettaient de prolonger les activités jusqu'à 2022.

«Mais au-delà, les capacités d'entreposage des résidus de bauxite sont limitées», peut-on lire dans le document.

D'après ce qu'il a été permis d'apprendre, l'obtention de certificats environnementaux ainsi que les quartiers à proximité des installations figurent parmi les obstacles identifiés par la multinationale.

«Il faudra avoir des discussions avec le ministère de l'Environnement pour voir si RTA peut excéder tout ça», explique le président du Syndicat national des employés de l'aluminium d'Arvida, Alain Gagnon.

Au cours d'un entretien téléphonique, il a dit ne pas être surpris par la sortie effectuée par M. Jacques, expliquant que les travailleurs savaient qu'il faut une solution d'ici 2022 afin de prolonger les activités de l'usine.

S'il est confiant de voir l'usine Vaudreuil demeurer ouverte, M. Gagnon estime cependant que différents intervenants devront rapidement mettre l'épaule à la roue afin de sauver les emplois.

«On a du temps devant nous, mais six ans, c'est vite dans cette industrie, a fait valoir le président syndical. M. Jacques a pris de l'avance (avec sa sortie) et veut avoir des discussions avec les parties prenantes.»

En fin d'après-midi, Rio Tinto Alcan n'avait pas retourné les appels de La Presse Canadienne.

Pas de projets de croissance en vue

RTA dresse par ailleurs un portrait plutôt morose du marché de l'aluminium, affirmant qu'il ne s'était toujours pas remis de la crise économique mondiale de 2008.

«Bien que la demande se renforce, les inventaires sont encore élevés, les prix restent bas et le contexte n'est pas propice à l'enclenchement de grands projets de croissance de métal primaire», indique le mémoire.

La multinationale estime par ailleurs que le «positionnement concurrentiel» de l'industrie québécoise de l'aluminium s'est «fragilisé» au cours des dernières années.

D'après elle, plusieurs facteurs, dont l'arrivée de nouveaux joueurs ainsi que la fluctuation des taux de change, font en sorte que les tarifs pour l'électricité vendue par Hydro-Québec aux alumineries sont parmi les «plus élevés au monde».

Le mémoire présenté par le directeur des opérations de métal primaire de RTA en Amérique du Nord s'inscrit dans le cadre des travaux préparatoires d'un sommet économique régional qui doit se tenir le 18 juin.

Plus de 5000 personnes travaillent pour la multinationale dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.