Les cours du pétrole ont reflué vendredi à New York, marquant la fin d'une série de six séances de hausse en dépit d'une nouvelle baisse du nombre de puits en activité aux États-Unis.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai a perdu 97 cents, à 55,74 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent pour livraison en juin, devenu le contrat de référence jeudi, a terminé en baisse de 53 cents, s'établissant à 63,45 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Le secteur du brut essaie de reprendre son souffle», a souligné Matt Smith chez Schneider Electric.

«Le marché était allé trop loin et ne pouvait pas rester au niveau» de jeudi, a commenté Bill Baruch, chez iiTrader.com. Les cours du WTI avaient bondi de 12,5% entre le 8 et le 16 avril.

«Il y a des prises de bénéfices» a-t-il ajouté, un phénomène particulièrement sensible en fin de semaine.

Certes la société Baker Hughes a annoncé dans la journée qu'il y avait encore 26 puits en activité de moins cette semaine que la semaine dernière mais «le décompte des puits va devenir de moins en moins important» a expliqué M. Baruch, «la production s'en est déjà ressentie».

En effet, le marché a déjà assimilé que, après six mois de fermetures de puits, la production américaine commençait enfin à refluer.

L'annonce mercredi d'un reflux minime de la production, de 20.000 barils par jour, avait suffi à provoquer une envolée des cours du WTI de presque 6%, qui s'était maintenue jeudi.

Mais vu la hausse des derniers jours, le recul de vendredi semblait ordonné. «Les investisseurs ont l'air d'avoir encore confiance dans la performance des cours» actuelle, a remarqué Tim Evans, chez Citi.

En outre, a noté Matt Smith, plusieurs facteurs soutiennent les cours: «les tensions géopolitiques (comme la prise par Al Qaïda d'un grand aéroport et d'un camp militaire), ou l'espoir de mesures de relance en Chine (via un éventuel assouplissement monétaire)».

Mais plusieurs analystes tablaient toutefois sur un reflux prochain. «Même si le marché reste optimiste et concentré sur certains détails comme le nombre de puits, les stocks et la production aux États-Unis, la récente augmentation de la production de brut de l'OPEP ne fait qu'aggraver le surplus d'offre par rapport à la demande», a noté M. Evans.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a confirmé la surabondance actuelle de l'offre en indiquant que le mois dernier, sa production avait augmenté de 810 000 barils par jour (bj) pour atteindre 30,79 mbj en moyenne, dépassant à nouveau les quotas du cartel.

Même aux États-Unis, selon l'Institut américain du pétrole (API), la production américaine a atteint en mars 9,32 mbj, le niveau le plus haut depuis 42 ans, en augmentation de 13% sur un an.

«Nous pensons que la hausse des derniers jours est due à la spéculation, et n'est fondamentalement pas justifiée», ajoutaient les analystes de Commerzbank.

Enfin, s'inquiétaient-ils, «il y a un risque que la hausse des prix rende la production de pétrole de schiste de nouveau plus lucrative, si bien que la récente chute de production pourrait ne pas durer».

Pour Phil Flynn, chez Price Futures Group, l'évolution des cours à court terme va dépendre du rythme du repli de la production américaine.