Les prix du pétrole ont fortement monté lundi, une hausse des tarifs saoudiens stimulant un marché déjà rassuré par les termes d'un accord entre Téhéran et les grandes puissances, qui ne devrait pas relancer immédiatement les exportations iraniennes.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai a gagné 3 dollars à 52,14 dollars à la clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, où les échanges étaient réduits en raison du lundi de Pâques, le baril de Brent a pris 3,17 dollars à 58,12 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Le marché est encouragé par le fait que la compagnie publique saoudienne, Aramco, a relevé ses tarifs pour ses clients asiatiques», a mis en avant Bart Melek, de TD Securities.

Le marché surveille avec attention l'attitude de Ryad, principal acteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Le cartel a largement contribué à la baisse des prix en s'abstenant en novembre dernier d'abaisser son plafond de production.

Les cours, qui ont perdu la moitié de leur valeur depuis juin, oscillent depuis fin janvier autour de 50 dollars le baril à New York.

En outre, selon M. Melek, «on se rend compte que le pétrole iranien ne va pas inonder le marché mondial pour le moment».

L'Iran et le groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) se sont entendus jeudi en Suisse sur les «paramètres» d'un accord âprement négocié depuis 18 mois au sujet du programme nucléaire de Téhéran. Ils doivent désormais se pencher sur les détails techniques complexes d'un accord définitif qui doit intervenir avant le 30 juin.

Le marché pétrolier new-yorkais n'avait pas pu entièrement réagir à cette annonce, intervenue en fin de séance jeudi, car il était resté fermé pour le Vendredi saint.

«Ce cadre pour un accord avec l'Iran, ce n'est pas un accord», a affirmé Phil Flynn, de Price Futures Group. «A priori, il n'y aura pas d'accord avec l'Iran avant le 30 juin, et l'expérience montre que ce délai ne sera probablement pas respecté.»

«Ensuite, il faudra encore que le pays reçoive la visite d'inspecteurs (sur le nucléaire)», a-t-il continué. «Puis, ils devront donner leur aval à l'Iran. Le pétrole iranien mettra au moins un an à rejoindre le marché mondial, et d'ici là, la surabondance de brut devrait se réduire.»

Incertitudes aux États-Unis

Pour Gene McGillian de Tradition Energy, le rebond de lundi risque cependant de ne pas être durable «et pourrait bien n'être rien de plus qu'une tentative du marché pour se stabiliser».

«L'équilibre reste défavorable entre l'offre et la demande, et on risque bien de se retrouver de nouveau sous pression, d'autant que l'on s'attend à l'annonce d'une nouvelle hausse (hebdomadaire) des réserves américaines de brut» dans les chiffres que publiera mercredi Washington, a-t-il précisé.

Néanmoins, les États-Unis pourraient aussi apporter un peu d'optimisme, car «les raffineries américaines devraient accélérer la cadence» à l'approche de l'été, propice aux grands déplacements, et «la demande de brut va probablement accélérer, ce qui va encourager une hausse des prix de l'or noir», a prévu Matt Smith, de Schneider Electric.

De plus, a-t-il noté, Washington a publié vendredi des chiffres jugés décevants sur l'emploi en mars, et «cela éloigne la perspective d'une hausse dès juin des taux d'intérêt (de la Réserve fédérale) et encourage en conséquence une baisse du dollar», qui rend en retour plus intéressants les échanges pétroliers, libellés en monnaie américaine.

Toutefois, ces chiffres «montrent aussi que la hausse de la demande américaine reste incertaine», a nuancé Tim Evans, de Citi. «Dans l'ensemble, nous continuons à penser que la progression des cours du brut sera limitée.»