Les cours du pétrole ont rechuté jeudi à New York et Londres après l'annonce d'un accord de principe sur le nucléaire iranien qui laisse craindre une aggravation de la surabondance de l'offre.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai a perdu 95 cents à 49,14 dollars à la clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), au lendemain d'une envolée provisoire.

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a chuté plus lourdement de 2,15 dollars à 54.95 dollars, sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

Le marché, qui avait les yeux braqués sur les négociations de Lausanne depuis plusieurs séances, a réagi comme il était prévisible, en faisant encore baisser les cours de peur que cet accord entraîne un afflux de brut iranien dans un marché déjà saturé.

L'Union européenne a annoncé que les sanctions américaines et européennes frappant l'Iran seraient levées en fonction du respect des engagements pris par la République islamique, ce qui devrait permettre de libérer les exportations.

Au début de la conférence de presse commune à l'Iran et aux grandes puissances à Lausanne, le prix du WTI, qui était déjà en baisse depuis l'ouverture, a plongé jusqu'à 48,11 dollars le baril, avant de se reprendre un peu.

De nombreux analystes ont en effet estimé que ce succès diplomatique avait déjà été pris en compte dans les cours du pétrole, ne justifiant pas un grand décrochage.

Reste que les échanges de jeudi représentent une rechute par rapport à l'envolée provisoire de mercredi, qui faisait suite à l'incendie d'une plateforme dans le Golfe du Mexique, et à une baisse, certes minime, de la production américaine de brut, la première depuis huit semaines.

Ce léger reflux de production, qui n'a pas empêché les réserves totales de brut américaines de battre un nouveau record, n'est pas suffisant pour faire oublier que «nous sommes toujours dans un marché baissier», a déclaré Oliver Sloup chez iTrader.com.

«Le marché croule sous l'offre», a-t-il dit, «et en même temps, l'Iran, l'OPEP, les États-Unis, tout le monde produit beaucoup de pétrole».

«Si la demande se reprend», ce qu'elle devrait faire selon les cycles saisonniers habituels avec la remise en service de raffineries et le début des déplacements des beaux jours aux États-Unis, alors «on va sortir du cycle de baisse», mais si elle n'est pas au rendez-vous, la baisse risque de se prolonger, a prévenu M. Sloup, jugeant qu'il était trop tôt pour affirmer que le pétrole a atteint un niveau plancher.

Surabondance persistante

Les spécialistes de Commerzbank, citant des sources dans le milieu des armateurs, ont affirmé en début de semaine que «l'Iran a au moins 30 millions de barils de pétrole à bord de superpétroliers. En d'autres termes, il peut mettre sur le marché un million de barils par jour supplémentaires pendant au moins un mois si les sanctions sont levées, sans même avoir besoin d'accroître sa production».

Un tel afflux de pétrole, dans un contexte où les cours sont déjà déprimés par la surabondance de l'offre, ne pourrait que pousser encore les cours à la baisse, alors qu'ils ont décliné de plus de moitié depuis juin.

Autre donnée surveillée jeudi par les investisseurs, le nombre de puits de pétrole en activité aux États-Unis, mesuré par la société Baker Hughes. Il y avait cette semaine 11 puits de moins en activité que la semaine dernière, un léger ralentissement qui porte néanmoins à plus de 50% la diminution du nombre de puits actifs depuis le mois d'octobre.

«On a vu beaucoup de puits fermer», a souligné M. Sloup, signifiant que le léger recul de production annoncé mercredi «pourrait être le début d'une tendance».

Kyle Cooper, chez IAF Advisors, était plus dubitatif.

«Si (la réduction de production) se poursuit pendant deux ou trois semaines cela pourrait être un facteur, mais pour l'instant je crois que c'est juste une aberration» ponctuelle a-t-il ajouté, se rappelant que «l'année dernière on a vu la production ralentir pendant une ou deux semaines avant qu'elle remonte encore».