Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. La fermeture d'une des trois machines de la société papetière Produits forestiers Résolu à Alma, qui devait faire disparaître prochainement 85 emplois, est reportée d'au moins quelques semaines en raison des déboires d'un concurrent américain de la multinationale québécoise.

Ce scénario, qui relevait de la science-fiction il y a quelques jours à peine, se concrétise à la suite de la fermeture aujourd'hui d'une usine du Michigan de la société papetière américaine FutureMark Manistique.

Cette fermeture subite - elle a été annoncée il y a quatre jours à peine - , laisse des clients en plan. Résolu tentera au cours des prochaines semaines de récupérer certains contrats, a expliqué Karl Blackburn, directeur principal, Affaires publiques et relations gouvernementales, de Résolu. «On va analyser l'impact sur nos carnets de commandes, a-t-il dit en entrevue téléphonique. Peut-être qu'en bout de piste, on ne pourra récupérer aucun volume, mais si ça nous permet de prolonger la vie de la machine numéro 9, tant mieux!»

L'usine de Manistique fabrique des papiers recyclés de haute qualité utilisés notamment pour la fabrication de livres. Elle a une capacité de 145 000 tonnes par année, pratiquement le double de celle de la machine numéro 9 d'Alma (75 000 tonnes), dont la fermeture, prévue pour le début d'avril, a été annoncée le 5 mars.

Sortie contre Greenpeace

La nouvelle avait fait les manchettes, surtout après la sortie remarquée du maire de Saguenay, Jean Tremblay, qui avait appelé à la mobilisation contre «Greenpeace et les intellectuels de ce monde».

Résolu attribuait en partie la responsabilité de la fermeture de la machine à Greenpeace et à d'autres organisations écologistes. Celles-ci font pression sur les clients de Résolu pour qu'ils cessent de s'approvisionner en papier provenant des forêts que l'entreprise exploite au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ces forêts ont perdu leur certification environnementale FSC à la fin de 2014.

Karl Blackburn n'était pas en mesure de le confirmer hier, mais, selon toute vraisemblance, a-t-il dit, le papier de Manistique n'avait pas la certification FSC.

Optimisme prudent

Les deux syndicats de l'usine d'Alma ont bien accueilli le répit inattendu que leur procure la fin des activités de Manistique. «Il y a des sourires parce qu'il y a de l'espoir», a dit le président du syndicat des employés professionnels et de bureau (FTQ), Pierre Tremblay.

Son homologue du syndicat CSN, Jean-Pierre Lebel, qui représente la majorité des 345 employés d'Alma, se réjouissait aussi, tout en restant prudent. «On va prendre ça jour par jour et semaine par semaine, mais tout sursis dans notre dossier est une bonne nouvelle, a-t-il dit. On veut quand même calmer le jeu. On ne veut pas que tout le monde pense que la machine est sauvée et nous retrouver devant un nouveau choc si ça ne fonctionne pas.»

L'usine de Manistique a été fondée en 1920. Après avoir frôlé la faillite en 2011-2012, la société avait été sauvée par un prêt de l'État du Michigan. Dans une déclaration transmise à l'État du Michigan, la direction de FutureMark Manistique indique que la fermeture résulte du manque de liquidités, de l'incapacité à obtenir un refinancement adéquat et de l'impossibilité de trouver un nouvel exploitant. Cent quarante-sept travailleurs perdent leur emploi.