Les prix du pétrole ont terminé la séance en hausse lundi à New York, poussés par la faiblesse du dollar qui a permis de faire passer au second plan l'annonce d'une hausse de la production saoudienne.

Le prix du baril de «light sweet crude» WTI pour livraison en mai, dont c'était le premier jour comme contrat de référence, a pris 88 cents à 47,45 dollars à la clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a gagné 60 cents à 55,92 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«En début de journée le [ministre saoudien du Pétrole Ali] al-Nouaïmi a parlé de la production saoudienne et le marché a baissé», a déclaré Robert Yawger, chez Mizuho Securities, «cependant on a un affaiblissement du dollar, et cela a permis de poser un plancher dans le marché du pétrole», et d'effacer «l'effet Nouaïmi».

M. Al-Nouaïmi a fait état d'une augmentation de la production de l'Arabie saoudite, à 10 millions de barils par jour (mbj) contre 9,85 mbj en février, selon des informations de l'agence Bloomberg.

En outre le ministre a indiqué que l'Arabie refuserait d'assumer seule la responsabilité de baisser la production pour faire remonter les cours.

Mais «c'est la corrélation inversée avec le dollar qui domine depuis une dizaine de jours» le marché du pétrole, a souligné M. Yawger: quand le dollar baisse, les cours montent et inversement. Cela s'explique principalement par le fait que les échanges sont libellés en dollars, si bien que les acheteurs munis d'autres devises peuvent trouver l'or noir plus attrayant quand le dollar baisse.

M. Yawger a souligné en outre qu'un facteur technique avait permis de faire regagner environ un dollar au baril de pétrole depuis vendredi, puisque le marché s'intéresse désormais au pétrole livrable en mai et non plus en avril.

Enfin, du point de vue géopolitique, la dégradation de la situation en Libye, où deux gouvernements rivaux se livrent une bataille sans merci pour s'emparer des ressources pétrolières, était un facteur de hausse.

Aux violences touchant les installations pétrolières s'ajoutent en effet désormais pour les clients des avertissements lancés par deux sociétés pétrolières concurrentes et affiliées chacune aux factions politiques qui s'affrontent.

Toutefois plusieurs analystes ont souligné que les raisons de fond justifiant le niveau bas des cours du brut sont toujours là, à commencer par la surabondance de l'offre qui ne donne guère de signe de ralentissement.

«Même si une correction du dollar à la baisse peut soutenir une remontée des cours du pétrole, la poursuite d'un surplus d'offre par rapport à la demande au premier semestre, confirmée par l'augmentation des réserves américaines, représente un risque continu à la baisse pour les prix», a ainsi relevé Tim Evans, chez Citi.

«Le marché s'était stabilisé en janvier-février, car on s'attendait à une baisse des dépenses d'investissement et à ce que la baisse du nombre de puits en activité touche la production en Amérique du Nord, mais on a vu la semaine dernière une autre augmentation des réserves aux États-Unis, et des signes que la production américaine continue à augmenter, ce qui ajoute à la pression à la vente du pétrole», a expliqué pour sa part M. McGillian.

Pour autant, le marché pourrait encore réagir dans les jours qui viennent aux informations sur les pourparlers portant sur le programme nucléaire iranien, jusqu'à la date limite du 31 mars: selon qu'ils sembleront avoir ou non des chances d'aboutir, les investisseurs auront ou non des raisons de craindre un afflux de pétrole iranien à la faveur de la levée des sanctions économiques. «S'il y a accord, l'impact sera très baissier sur le marché», a souligné M. Yawger.