Les entreprises de ressources naturelles qui veulent accroître leurs chances de voir leur projet accepté par les communautés autochtones devraient peut-être songer à l'idée de les faire participer à leur actionnariat.

C'est l'idée avancée par David Descôteaux, coordonnateur aux communications et analyste à l'Institut économique de Montréal, qui vient de rédiger une note sur le développement des ressources naturelles et les communautés autochtones au Québec.

En menant sa recherche, M. Descôteaux a découvert plusieurs ententes de partenariat méconnues avec les communautés autochtones, dont certaines étaient même confidentielles.

Habituellement, les ententes entre des entreprises et des communautés autochtones prévoient des redevances sur les projets miniers, par exemple, ainsi que l'octroi de contrats à des entreprises autochtones, de même qu'un engagement voulant qu'un certain nombre d'emplois leur soient accordés.

Mais certaines ententes vont au-delà de ces trois conditions usuelles, a-t-il expliqué lors d'une entrevue.

Elles prévoient que ces communautés acquièrent un intérêt financier plus poussé dans le projet.

«Certaines ententes récentes impliquant notamment les Cris vont plus loin dans la fusion des intérêts économiques. Elles contiennent les clauses habituelles sur les redevances, l'embauche de travailleurs locaux et les contrats réservés aux entreprises locales, mais font également en sorte que la communauté autochtone détient un intérêt financier plus direct dans la réussite économique du projet», souligne M. Descôteaux.

Il cite le cas des Cris de Nemaska qui ont une participation de 3,6% dans le projet de mine de lithium Whabouchi, les Micmacs de Gaspésie qui détiennent une participation de 50% dans le projet de parc éolien Escuminac d'Innergex et les Atikamekws d'Obedjiwan qui ont une participation de 55% dans la scierie Opitciwan de Produits forestiers Résolu.

Pour certains projets, comme celui de l'exploitation du minerai de fer de Blackrock, le niveau de participation des Cris d'Oujé-Bougoumou reste confidentiel. Il en est de même pour les Cris de Mistissini dans le projet de mine de diamants Renard de Stornoway et pour les Cris de Wemindji dans le projet aurifère Éléonore de Goldcorp.

M. Descôteaux cite en exemple les Cris, qui sont plus souvent engagés dans de telles ententes de partenariat, et qui ont, selon lui, «l'esprit entrepreneurial». Il voit d'ailleurs un lien entre cette participation au développement économique et «le niveau de vie de cette nation, qui est parmi les plus élevés chez les populations autochtones du Québec».

L'analyste de l'Institut ne va pas jusqu'à dire que cette participation à l'actionnariat deviendra éventuellement une condition sine qua non pour s'assurer de l'acceptabilité sociale des projets liés aux ressources naturelles dans ces régions. «Disons que c'est une condition qui encourage le développement économique» et qui permet à toutes les parties de gagner au change, a-t-il opiné.

Reste à savoir si les entreprises minières, d'éoliennes ou autres seront ouvertes à l'idée. «Il y en a qui le font; déjà des compagnies semblent ouvertes à ça», dit-il.