Les cours du pétrole ont fini la séance sur un rebond mercredi à New York, après un communiqué de la Réserve fédérale (Fed), nuancé sur la perspective d'une hausse des taux.

Le prix du baril de «light sweet crude» WTI) pour livraison en avril a gagné 1,20 dollar à 44,66 dollars en clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), mettant un coup d'arrêt à sa glissade après six séances de baisse consécutives.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a rebondi encore plus fortement, prenant 2,40 dollars à 55,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres.

«On dirait qu'il y a un peu d'hésitation sur le moment de la hausse des taux par la Fed», a expliqué Gene McGillian, chez Tradition Energy.

Toute hausse du dollar, qui accompagnera nécessairement une hausse de taux en le rendant plus rémunérateur, pénalise en effet les acheteurs de pétrole, dont les échanges sont libellés en billets vert.

Ces derniers temps, a-t-il expliqué, «l'un des facteurs qui ont aidé à pousser les cours du WTI à la baisse a été la forte hausse du dollar», réalisée en grande partie dans l'idée que la Fed cesserait de se dire «patiente» avant de rehausser ses taux, ce qu'elle a d'ailleurs fait.

Mercredi, le cours du WTI s'est inscrit en baisse pendant une bonne partie de la séance, avant que les nuances apportées par la Fed fassent pression sur le dollar, ce qui a logiquement bénéficié aux cours du pétrole.

Hausse des stocks

Pour autant les fondamentaux sont toujours «vraiment faibles» pour le pétrole, a averti M. McGillian, prévenant que «tant qu'on ne verra pas les niveaux de production reculer», le marché resterait sous pression.

Avant que s'exprime la Fed, les cours semblaient s'enfoncer dans une spirale baissière due à la surabondance de l'offre en général, et des réserves américaines en particulier.

Le Département de l'énergie américain a annoncé mercredi une hausse hebdomadaire plus de deux fois plus importantes que prévu (9,6 millions de barils contre 4,4 attendus) des réserves de pétrole, avec une production nationale restant en hausse (+0,6% sur la semaine à 9,4 million, + 14,7% sur un an), tout comme les importations (+11% sur une semaine).

Comme, par ailleurs, les raffineries ne tournent pas encore à plein régime, restant à 88,1% de leurs capacités après des accords partiels provisoires pour mettre fin à un conflit social, rien ne vient alléger les stocks.

«On commence à se demander si les cuves vont être pleines (au terminal de référence de) Cushing, et quel effet cela aura sur les cours, qui seront de les faire baisser encore», a expliqué John Kilduff, chez Again Capital.

«Il n'y a tout simplement pas eu encore de réaction du côté de l'offre, ce qui est incroyable vu l'importance de la baisse des prix», a-t-il ajouté.

«Le nombre de puits de pétrole (en activité aux États-Unis) a été réduit de moitié, mais on produit toujours autant de pétrole qu'avant», a-t-il noté. «On dirait qu'il faut que les prix baissent encore pour qu'il y ait une réaction».

Beaucoup d'entreprises, mal armées pour résister à la baisse des prix, sont «sous pression», a assuré M. Kilduff. L'une d'elles, Quicksilver, spécialisée dans le gaz et l'huile de schiste, s'est d'ailleurs placée mardi soir sous la protection de la loi sur les faillites.