Après avoir vu son projet d'inversion du flux de son oléoduc de la Ligne 9B entre l'Ontario et Montréal être suspendu à l'automne, la société Enbridge (T.ENB) se dit maintenant confiante de pouvoir aller de l'avant d'ici la fin du mois de juin.

L'Office national de l'énergie (ONÉ) a fait savoir vendredi que la société pétrolière avait suffisamment répondu à ses questions entourant deux des 30 conditions émises en mars 2014, lorsqu'il avait donné son aval au projet.

Les documents fournis par Enbridge sur l'emplacement des vannes (condition 16) et les plans de gestion des franchissements de cours d'eau (condition 18) avaient été jugés insuffisants par l'Office l'automne dernier.

«En raison du processus d'audience, 17 nouvelles vannes ont été installées, pour un total de 62 vannes le long du pipeline», écrit l'organisme fédéral, dans sa décision, vendredi.

Un porte-parole d'Enbridge, Éric Prud'Homme, a de son côté fait savoir que l'entreprise déposera prochainement une demande d'autorisation de mise en service afin de procéder à l'inversion au cours du deuxième trimestre qui s'amorce en avril.

«Le placement des vannes était un détail très important pour l'Office, qui reconnaît l'approche scientifique et la méthodologie d'Enbridge pour assurer une protection», a-t-il dit au cours d'un entretien téléphonique.

Au Québec, l'oléoduc de la Ligne 9B traverse entre autres la rivière des Mille Îles, la rivière des Prairies et celle des Outaouais.

Les nombreuses municipalités et groupes écologistes qui s'opposent au projet d'inversion du flux de la canalisation craignent des risques de fuite, ce qui pourrait, à leur avis, contaminer les cours d'eau ainsi que les nappes phréatiques.

L'ONÉ a toutefois prévenu que le processus de surveillance réglementaire du projet n'est pas terminé et impose à l'entreprise albertaine des obligations supplémentaires afin d'obtenir certaines informations d'ici les 12 prochains mois.

«L'Office est conscient de la vulnérabilité du site du projet et il s'assurera qu'Enbridge prend les mesures voulues pour que ses pipelines continuent de fonctionner sans danger», souligne l'organisme fédéral.

Enbridge devra notamment fournir des données sur d'autres vannes, une analyse de tous les franchissements de cours d'eau indiquant si une ou plusieurs vannes supplémentaires sont nécessaires le long de l'oléoduc.

De son côté, le maire de Montréal et président de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), Denis Coderre, qui estimait que des conditions n'étaient toujours pas respectées par Enbridge, s'est montré rassuré.

«Je trouve intéressant le sens de la responsabilité de l'ONÉ, a-t-il dit, en mêlée de presse à Montréal. Il va y avoir un comité de suivi. S'il y a des problèmes, l'Office peut poser des gestes. Ça me dit qu'un travail sérieux a été fait.»

Les maires de la CMM, qui représentent 82 villes et 3,8 millions d'habitants, estimaient qu'Enbridge n'avait pas respecté deux des 30 conditions qui lui avaient été imposées, soit celles concernant le franchissement des cours d'eau et les plans de mesures d'urgence.

M. Prud'Homme a indiqué que les discussions avec la Communauté se poursuivent. «Il y a eu une rencontre avant Noël, a-t-il indiqué. Je ne veux pas parler en leur nom, mais les discussions vont bien.»

Exploité depuis près de 40 ans, le tronçon de 639 kilomètres de l'oléoduc entre North Westover (Ontario) et Montréal constitue la dernière étape du projet qui vise à permettre l'accès aux raffineries de l'Est du Canada.

La société pétrolière souhaite acheminer vers les raffineries du Québec et de l'Ontario quotidiennement entre 240 000 et 300 000 barils de pétrole en provenance des sables bitumineux.

L'oléoduc 9B avait à l'origine transporté du pétrole de Sarnia, en Ontario, vers Montréal, avant d'être inversé à la fin des années 1990 pour répondre à la demande du marché.

En 2012, Enbridge avait obtenu l'autorisation d'inverser le flux sur la section de l'oléoduc qui s'étendait entre Sarnia et North Westover.