Pour la troisième séance de suite, le pétrole a fortement monté mardi à Londres et New York, atteignant son plus haut niveau de l'année et profitant d'un accès de faiblesse du dollar et d'éléments jugés encourageants sur une baisse de l'offre.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars a pris 3,48 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), à 53,05 dollars, un niveau que le contrat de référence n'avait plus atteint en clôture depuis le 31 décembre.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 57,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 3,16 dollars par rapport à la clôture de lundi, et à un niveau record depuis le 30 décembre.

À New York, les prix du pétrole ont gagné 8,53 dollars, soit près de 20%, depuis le début de leur rebond vendredi, qui a notamment suivi l'annonce d'une chute hebdomadaire plus forte que prévu du nombre de plates-formes pétrolières en activité aux États-Unis.

En plus de ce déclin, «de nombreux éléments sont en jeu», a jugé Phil Flynn, de Price Futures Group. «On continue d'annoncer des réductions d'investissements dans l'industrie, avec BP aujourd'hui, et j'ai rarement vu une chute aussi rapide des dépenses dans le secteur.»

Les groupes pétroliers britanniques BP et BG sont les derniers en date à annoncer une baisse de leurs investissements, après les américains Chevron, ExxonMobil et ConocoPhillips, le français Total et l'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, qui ont tous fait des annonces en ce sens lors des derniers jours.

De plus, «les petites et moyennes entreprises du secteur suivent la même tendance, et dans l'ensemble, les industries d'exploration et de production vont baisser cette année leurs investissements d'environ un quart par rapport à 2014», a rapporté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Toutefois, «tout ne se résume pas à une histoire d'offre et de demande, on a aussi la baisse du dollar», qui rend plus intéressants les échanges pétroliers, libellés en monnaie américaine, a noté Phil Flynn.

Même si la monnaie américaine reste à un niveau élevé, elle perd du terrain depuis le début de la semaine, notamment face à l'euro, qui bénéficie d'un regain d'optimisme quant à un accord entre la Grèce et ses créanciers.

«Victoire» de l'OPEP 

Certains analystes restaient sceptiques quant à la solidité à court terme du rebond des cours, estimant, comme Andy Lipow, que «les réserves américaines de pétrole devraient continuer à augmenter lors des prochains mois».

«C'est un rebond technique, qui se nourrit de lui-même, sans que les fondamentaux du marché aient changé, et je ne serais pas étonné que les prix retombent aussi vite qu'ils ont monté», a prévenu John Kilduff, d'Again Capital.

Après la remontée des dernières séances, le prix du baril new-yorkais reste deux fois moins élevé qu'en juin, date de son dernier pic.

Depuis, sa chute, liée aux inquiétudes sur l'excès d'offre, s'est accentuée en novembre lorsque l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a maintenu son plafond de production inchangé.

«Du point de vue de l'OPEP, le rebond des cours est probablement une victoire», a jugé Phil Flynn. «En campant leur position, ils ont poussé tous les autres producteurs à baisser leur offre, et ils ont pu conserver leur part de marché alors que les prix ont peut-être atteint leur plancher. En gros, ils ont eu ce qu'ils voulaient.»