Les prix du pétrole rebondissaient légèrement vendredi en cours d'échanges européens, après la mort du roi Abdallah d'Arabie saoudite qui créait un brin d'incertitude dans ce gros pays producteur d'or noir, mais les fondamentaux du marché demeuraient inchangés.

Vers 6 h 20, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 49,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 94 cents par rapport à la clôture de jeudi.

Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance gagnait 63 cents à 46,94 dollars.

La mort du roi Abdallah entraîne quelques incertitudes au sein du royaume saoudien, premier exportateur mondial d'or noir, principal producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et membre très influent du cartel. La décision de l'OPEP de maintenir inchangé en novembre son plafond de production avait accéléré la chute des cours, qui ont plongé au total de 60 % depuis le mois de juin.

«L'or noir pourrait connaître une période d'instabilité, alors que se pose la question de la reconduction du ministre du Pétrole en place depuis 1995 (Ali al-Nouaïmi), en parti responsable de la décision de maintenir le quota de production de l'OPEP», expliquaient les analystes de Saxo Banque.

«L'autre question qui peut se poser est la réaction des peuples insurgés en Arabie Saoudite qui pourrait entraîner une instabilité politique et potentiellement impacter la production», ajoutaient-ils.

Les experts du secteur n'anticipent toutefois aucun bouleversement, d'autant que le successeur du roi Abdallah, son demi-frère Salmane, a déjà promis une continuité dans la politique du royaume.

Le chef économiste de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE), Fatih Birol, a déclaré pour sa part à l'AFP qu'il n'attendait pas de changement «significatif» de la politique saoudienne. «J'espère qu'ils (les Saoudiens) continueront à être un facteur de stabilité sur les marchés pétroliers, particulièrement en ces jours difficiles», a-t-il observé.

«Le roi Salmane pourrait être plus conservateur sur les questions sociales, mais il n'y aucune bonne raison de penser qu'il va profondément modifier la politique pétrolière», abondait Julian Jessop, de l'institut Capital Economics.

«Le roi Salmane a 79 ans et il est peu probable qu'il remette en cause le statu quo. La politique pétrolière saoudienne est, quoi qu'il arrive, largement décidée par des technocrates. La richesse du royaume et ses immenses réserves pétrolières lui permettent de regarder au-delà de la faiblesse actuelle des cours et d'embrasser une vision à plus long terme», ajoutait M. Jessop.

Caractérisées ces derniers mois par une surabondance d'offre mondiale de pétrole face à la demande, les tendances lourdes du marché devraient donc continuer de donner le «la».

Sur ce front, la consommation de pétrole pourrait profiter d'un éventuel rebond de la croissance en zone euro, si les mesures de soutien annoncées jeudi par la Banque centrale européenne (BCE) portaient leurs fruits. Mais cet assouplissement quantitatif de la BCE a eu pour première conséquence d'affaiblir l'euro face au dollar, ce qui rend le pétrole, libellé dans la monnaie américaine, plus cher pour les acheteurs munis d'euros. Cumulé à un bond des stocks de brut annoncé jeudi aux États-Unis, ceci avait fait dévisser les cours jeudi, avant le léger rebond observé vendredi.

Mais le marché reste actuellement marqué par un surcroît d'offre, en partie dû à la montée de la production de pétrole de schiste aux États-Unis, et par la volonté des pays du Golfe de conserver leurs parts de marché, quitte à réduire leurs profits.