Les cours du pétrole coté à New York ont fortement rebondi vendredi, le marché tentant de trouver un équilibre dans un contexte d'inquiétudes persistantes sur le surplus d'offre.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en janvier, a pris 2,41 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 56,52 dollars, effaçant totalement sa chute de la veille à des niveaux de clôture sans précédent depuis début mai 2009.

À Londres, le cours du baril de Brent pour livraison en février a lui gagné 2,11 dollars, repassant au-dessus des 60 dollars à 61,38 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Le marché était un peu sous-évalué et, avec l'approche des derniers jours de l'année, des investisseurs parient sur un rebond à court terme» des cours, a expliqué Gene McGillian de Tradition Energy.

«Cependant, le premier plan est toujours occupé par les facteurs qui nous ont conduits à des plus bas niveaux en cinq ans: l'excès d'offre au niveau mondial, et le ralentissement de l'économie en Chine et en Europe, qui affectent la demande de brut», a-t-il tempéré.

«Le marché du pétrole continue à marcher en crabe», a renchéri Timothy Evans de Citi, pour qui le rebond de vendredi est «dans une certaine mesure un simple rééquilibrage au sein des portefeuilles» des investisseurs.

«On espère que le marché physique se rééquilibre lui aussi, après avoir reçu et assimilé le message porté par la chute des prix du pétrole», a-t-il ajouté.

Depuis la mi-juin, le baril de brut a environ perdu à New York la moitié de sa valeur, et la tendance a été encouragée en novembre par la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de ne pas intervenir sur les prix du pétrole en conservant son objectif de production inchangé à 30 millions de barils par jour (mbj).

«La véritable cause de la chute des cours est avant tout liée au changement de stratégie de l'OPEP, dont le principal but est maintenant de défendre ses parts de marchés, plutôt que de conserver l'équilibre du marché, comme par le passé», ont jugé les analystes de Commerzbank.

Dans l'ensemble, «même si la hausse de la demande est moins importante que ce qui était attendu en début d'année, elle ne s'est pas massivement effondrée, comme pendant la crise financière de 2008-2009», ont-ils ajouté.

En ce qui concerne les États-Unis, «les coupes budgétaires devraient avoir un impact sur la production de pétrole à partir du deuxième semestre 2015», ont prévu les analystes de Morgan Stanley. «Nous estimons que la croissance de la production américaine va ralentir à partir de la deuxième moitié de l'année.»

«Le ralentissement de la croissance de l'offre de pétrole américain va intervenir relativement rapidement mais celle-ci va rester importante», a confirmé Michael Wittner, de la banque Société Générale, qui estime que la production américaine ne va commencer à décliner qu'à partir de la deuxième moitié de l'année 2016.

Sur le plan international, les principaux producteurs continuaient à être affectés par la chute des prix du pétrole, la banque centrale du Nigeria annonçant vendredi des mesures pour enrayer la spéculation contre la monnaie nationale, le naira, qui a connu un plongeon.

Malgré l'apaisement généralement attendu pour la période des fêtes, les cours du pétrole ne sont par ailleurs pas à l'abri de mouvements brusques dans les prochains jours, a par ailleurs prévenu Michael Wittner.

«La volatilité [du marché] a tendance à s'accroître lorsqu'il y a moins de monde car les volumes d'échanges sont moindres», notait-il. Les marchés sont alors à la merci d'une «poignée» d'opérateurs de marchés avec des positions vendeuses ou acheteuses, a-t-il souligné.