Même si le cycle baissier du prix des métaux devrait se poursuivre en 2015, l'Association minière du Québec (AMQ) croit que les sociétés québécoises seront en mesure d'en absorber les impacts.

La nouvelle mouture de la Loi sur les mines ayant été apprivoisée, la présidente de l'Association, Josée Méthot, a estimé vendredi que les entreprises pourront tourner la page et s'affairer à réduire leurs coûts d'exploitation.

«Elles (les entreprises) doivent revoir leur façon de travailler, fait-elle valoir en entrevue. Il faut réduire les coûts pour naviguer à l'intérieur de ce cycle (baissier). Si ça ne baisse pas davantage, on aura au moins une certaine stabilité.»

La dernière année a néanmoins été difficile pour plusieurs entreprises, reconnaît-elle, en raison du plongeon du prix de plusieurs métaux.

La tonne de minerai de fer se transige notamment à un creux de cinq ans en raison d'un recul de la demande provoqué par le ralentissement de la croissance économique en Chine ainsi qu'une hausse des réserves en Australie.

En plus de freiner certains projets, cette situation a incité la société minière Cliffs Natural Resources à mettre fin le mois dernier aux activités de sa mine de fer du lac Bloom, près de Fermont, où travaillent plus de 500 personnes.

«Ce sont des mines (rentables) dans des (bonnes) périodes et quand c'est l'inverse, les compagnies se retirent», fait valoir Michel Jebrak, professeur à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et titulaire de la chaire en entrepreneuriat minier.

En entrevue, il rappelle que la baisse des prix n'est pas exclusive au fer, puisque «le prix du pétrole a été divisé par deux et celui de l'or a (fléchi) de 30%».

«Il y a des projets qui vont être retardés, c'est inévitable, dit M. Jebrak. C'est un marché mondial. Nous ne sommes pas entre nous au Québec ou au Canada, mais à l'échelle de la planète.»

Au total, les investissements miniers ont atteint 4,6 milliards $ en 2013, en baisse de près de 11% comparativement au record enregistré l'année précédente, d'après l'Institut de la statistique du Québec, ce que Mme Méthot qualifie tout de même de «bons chiffres».

«Pour 2014, il y aurait encore une baisse, souligne-t-elle. On n'a pas encore les chiffres, mais il me semble qu'on descendrait dans les 3 milliards $.»

La présidente de l'AMQ mise toutefois sur les projets de mine de Royal Nickel, en Abitibi-Témiscamingue, ainsi que celui de mine d'apatite piloté par Arianne Phosphate, au nord de Saguenay.

À l'instar des 12 derniers mois, 2015 devrait également être une année de «transition», croit le spécialiste de l'UQAM, qui estime qu'on devrait assister à d'autres regroupements de sociétés.

«Les mines doivent être capables de demeurer concurrentielles, explique M. Jebrak. Pour faire des économies d'échelle, on assiste à des regroupements.»

Il cite en exemple le regroupement des sociétés minières québécoises Redevances Aurifères Osisko [[|ticker sym='T.OR'|]] et Mines Virginia [[|ticker sym='T.VGQ'|]] afin de créer une nouvelle société de redevances intermédiaire, détentrice de deux redevances situées au Québec.

«Il y a eu énormément de compagnies minières (...) grâce au 'boom' entre les années 2000 à 2010, souligne l'expert. Là, nous sommes dans une phase de reconstruction. Ce n'est pas seulement négatif.»

La présidente-directrice générale de l'AMQ espère maintenant que le Québec effectuera une remontée au classement annuel de l'Institut Fraser sur les meilleures juridictions où investir dans le secteur minier.

Après avoir occupé la tête du palmarès, le Québec avait glissé au 21e rang mondial en 2013, en raison, selon le groupe de réflexion de droite, de la modification des politiques minières.

«Le classement (de 2013) avait été réalisé alors que nous étions encore dans l'incertitude au Québec, rappelle Mme Méthot. Maintenant, on voit un peu plus clair.»