Une longue bataille juridique semble se profiler entre SNC-Lavalin et ArcelorMittal dans le dossier de l'expansion du complexe minier du Mont-Wright, puisque la minière, alléguant une gestion déficiente du projet, compte réclamer 506 millions de dollars à la société québécoise.

Dans une défense et demande reconventionnelle de 101 pages signifiée à SNC-Lavalin, la multinationale ArcelorMittal critique sévèrement la firme d'ingénierie montréalaise.

ArcelorMittal affirme que SNC-Lavalin a «rapidement perdu le contrôle du projet sur la Côte-Nord et failli lamentablement à son obligation de rencontrer (...) deux principaux objectifs», soit le budget ainsi que l'échéancier.

Le projet d'expansion au Mont-Wright, dont le contrat a été signé en décembre 2011, devait faire passer la production annuelle de minerai de fer du complexe de 16 à 24 millions de tonnes. D'après ArcelorMittal, le projet devait être complété en décembre 2012 au coût de 624,19 millions.

Selon la version du géant minier, au fil du temps, les coûts ont toutefois explosé de 60 % pour atteindre 983 millions. De plus, la livraison s'est effectuée avec près d'une année de retard sur l'échéancier initial.

Ces reproches d'ArcelorMittal représentent une riposte à la décision de SNC-Lavalin de se tourner vers les tribunaux, l'été dernier, afin de réclamer près de 12 millions à la minière - dont 4,6 millions en primes de rendement - dans le cadre de ce projet livré en retard de 233 jours.

Parmi les arguments qui figurent dans sa requête déposée en Cour supérieure, la firme d'ingénierie fait entre autres valoir un manque de disponibilité dans les camps pour loger les travailleurs sur le chantier, ce qui, d'après elle, était une «responsabilité» d'ArcelorMittal.

SNC-Lavalin souligne également que des grèves de travailleurs survenues du 21 au 26 octobre 2011 ainsi que du 17 juin au 4 juillet 2013 ont aussi contribué aux retards.

Selon la firme d'ingénierie, les deux parties devaient se rencontrer en avril 2014 afin de discuter de la somme de 12 millions, mais «ArcelorMittal a avisé SNC-Lavalin qu'elle ferait valoir une réclamation d'un montant (...) d'environ 500 millions», est-il écrit dans les documents.

«Les démarches ont pris fin et SNC-Lavalin n'a eu d'autre choix que de s'adresser (au tribunal) afin de réclamer le paiement d'un montant d'environ 12 millions», souligne la firme d'ingénierie.

Dans sa longue riposte, ArcelorMittal s'affaire à déboulonner les arguments de la société québécoise en alléguant que les «dépassements de coûts et d'échéanciers (...) ont été causés par la faute lourde et la grossière négligence de SNC-Lavalin dans sa gestion».

Dans sa défense et demande reconventionnelle, le géant minier reproche à maintes reprises à SNC-Lavalin d'avoir été «incompétente» et «inefficace» dans sa gestion du projet du Mont-Wright.

«Le projet a accusé un retard d'au moins un an et plusieurs des dates butoirs de livraison du matériel ou de l'équipement ont été manquées», fait valoir ArcelorMittal.

Sur le dossier des camps de travailleurs, la minière soutient que SNC-Lavalin avait «l'obligation contractuelle» de construire les camps pour les travailleurs et qu'elle a «rapidement perdu le contrôle» de ce dossier.

ArcelorMittal affirme également, dans les documents, que SNC-Lavalin a eu une «conduite abusive» en menaçant, «sous forme de chantage», d'abandonner le projet en réclamant «sans fondement» des heures de dépenses injustifiées.

La minière revient sur le mois de mai 2012, où, selon elle, il était «évident que le projet dépasserait les délais et les budgets si aucune mesure de mitigation n'était intentée». D'après ArcelorMittal, SNC-Lavalin a profité de cette situation pour s'allouer de «façon unilatérale» un retard de 150 jours.

Le géant minier s'estime ainsi en position pour réclamer plusieurs montants, dont une somme de 231 millions pour des dommages et pertes subis en raison des dépassements du budget, des pertes de gains de 150 millions ainsi qu'un montant de 54 millions relié aux dépassements des honoraires et dépenses de SNC-Lavalin.

ArcelorMittal et SNC-Lavalin ont chacune indiqué qu'elles ne voulaient pas commenter le dossier.