Les prix du pétrole coté à New York ont fini à un plus bas depuis plus de cinq ans vendredi, dans un marché frileux, pénalisé par la hausse du dollar après d'excellents chiffres sur l'emploi américain.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en janvier a perdu 97 cents et s'est établi à 65,84 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Il s'agit d'un plus bas en clôture depuis le 29 juillet 2009, lorsque le baril avait fini à 62,90 dollars.

Le WTI avait déjà atteint des planchers plus vus depuis cette date en cours de séance le 1er décembre, chutant jusqu'à 63,72 dollars.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 69,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 57 cents par rapport à la clôture de jeudi.

«Le marché souffre certes d'un surplus de l'offre par rapport à la demande, mais il est aussi victime de la tendance haussière qui porte le dollar depuis cinq mois», a relevé Tim Evans, de Citi Futures.

En effet, plus le billet vert est fort, moins il incite les acheteurs munis d'autres monnaies à acheter des actifs libellés en dollars, comme les matières premières.

Le brut avait pourtant tenté en début de séance «de ralentir son recul alors que les États-Unis ont connu leur plus gros mois d'embauches depuis début 2012 le mois dernier», a relevé Matt Smith, de Schneider Electric.

L'économie du pays le plus gourmand en brut de la planète a créé 321.000 nouveaux emplois, un sommet depuis janvier 2012, dépassant largement les attentes des analystes.

Le taux de chômage s'est lui maintenu à son niveau le plus bas depuis juillet 2008, à 5,8%.

«Mais ce vent porteur (a été) contré par un nouvel accès de vigueur du dollar face aux autres devises», qui pénalise les achats de brut, a ajouté Matt Smith.

Selon les analystes, les prix du brut, en déroute depuis la mi-juin à New York comme à Londres, avec une chute de quelque 40% des prix, ont aussi pâti de facteurs techniques vendredi.

«Beaucoup d'investisseurs procèdent à des ajustements de portefeuilles» avant la fin de l'année, «et lorsqu'ils ont vu que le pétrole n'était pas soutenu par les bons chiffres de l'emploi, ils se sont mis à vendre», a expliqué Carl Larry, de Forst & Sullivan.

La mise en place «de la plus grosse réduction des prix par l'Arabie saoudite depuis au moins 14 ans, de l'ordre de 2 dollars par baril de brut léger, vers ses clients asiatiques» continuait à être digérée par le marché au lendemain de son annonce, ont noté les experts de Commerzbank.

Cela montre, en effet, selon eux, que «l'Arabie saoudite n'est toujours pas prête à renoncer à ses parts de marché et se prépare - au moins provisoirement - à accepter la baisse des prix», ont-ils ajouté, précisant que d'autres membres de l'Organisation de pays exportateurs de pétrole (OPEP) risquaient «de suivre le mouvement».

En effet, «c'est aussi cela qui inquiète beaucoup les investisseurs, car beaucoup de membres du cartel, comme le Venezuela ont vraiment besoin d'argent» et ils ne peuvent se permettre de perdre de la clientèle, a renchéri M. Larry.