Les quelque dizaines de milliers de puits de pétrole inactifs en Alberta inquiètent des résidants qui demeurent à proximité, malgré les nouvelles règles de sécurité énoncées par l'agence de réglementation énergétique de la province.

D'ici à cinq ans, les entreprises propriétaires de ces puits seront forcées de verrouiller leurs barrières et de poser des panneaux pour signaler leur présence. Ces règlements minimaux avaient été annoncés en 2007, mais une étude de la firme de droit environnemental Ecojustice a souligné que 37 000 puits ne le respectaient pas. Parmi ceux-ci, 3300 seraient endommagés.

Or, même si l'agence contraint désormais les firmes à respecter ces nouvelles normes, elles ne sont pas suffisantes, selon le groupe. Il voudrait que les entreprises s'occupent du nettoyage des vieux sites, dont certains n'ont pas été utilisés depuis des décennies, pour ne pas que les résidents se retrouvent avec des problèmes.

Selon l'avocat Keith Wilson, qui a représenté plusieurs propriétaires de terres contre l'industrie, estime que les entreprises devraient assumer leurs responsabilités parce qu'elles ont les ressources financières pour le faire.

Depuis 2007, les puits de pétrole doivent être protégés d'une barrière, qui doit être cadenassée. Les propriétaires doivent aussi procéder à des tests pour s'assurer qu'ils ne se déversent pas. Toutefois, les entreprises ne sont pas tenues de nettoyer le terrain, même si le puits n'est plus utilisé.

Il y a, en tout, 80 000 puits en Alberta - un chiffre qui est appelé à augmenter puisque les coûts d'un abandon sont moindres que ceux de la réhabilitation du terrain.

«Ils peuvent garder les puits inactifs aussi longtemps qu'ils le veulent, mais plus le temps passe, plus les possibilités que des problèmes apparaissent augmentent (...) Certains d'entre eux dorment là depuis 15 à 20 ans», a expliqué Barry Robinson, du groupe Ecojustice.

Par conséquent, les résidants sont pénalisés parce que les banques ne voudront pas leur prêter de l'argent s'ils vont devoir dépenser des millions pour décontaminer leur terrain. Surtout, il sera difficile de revendre une propriété.

«Si j'ai un site contaminé chez moi, où pensez-vous que les acheteurs s'en iront? Ils vont s'enfuir», a déploré M. Robinson.

Selon le conseiller principal de l'agence de réglementation de la province David Hardie, une partie du problème est que les exploitants des puits ne leur fournissent pas les informations nécessaires, ce qui ne veut pas nécessairement dire qu'ils ne respectent pas les règles.

La conseillère de l'agence Anita Lewis estime que la province seulement pourra déterminer si les entreprises devraient aussi décontaminer les sites.

Le porte-parole du ministre de l'Environnement de la province Jason Maloney a avancé que le gouvernement «considérerait» cette option.

M. Robinson a rappelé que le Colorado obligeait les exploitants à garder le puits ouvert, sans quoi ils seraient forcés à défrayer les coûts de nettoyage du terrain dans un espace de 18 mois.