La société minière Cliffs Natural Resources est rapidement passée de la parole aux actes en décidant, à un mois du temps des Fêtes, de mettre fin aux activités de sa mine de fer du lac Bloom, près de Fermont, où travaillent plus de 500 personnes.

Le syndicat des Métallos a fait savoir lundi que des représentants de la société établie à Cleveland avaient confirmé la nouvelle aux employés qui travaillent à ses installations situées sur la Côte-Nord.

«C'est une fermeture définitive, a expliqué en entrevue le coordonnateur syndical Dominic Lemieux. La seule lueur d'espoir, c'est qu'il y ait un acquéreur.»

Selon lui, les licenciements auraient déjà débuté et quelque 400 personnes devraient être remerciées d'ici la mi-décembre.

«Ça va tomber à 80 salariés jusqu'au mois d'avril et après on va en garder une trentaine pour les services essentiels comme le maintien des pompes ainsi que le chauffage», a dit M. Lemieux.

La minière américaine a de son côté confirmé en fin d'après-midi par courriel que les activités seraient suspendues d'ici la fin de l'année au lac Bloom et que ses employés avaient été prévenus.

«Cliffs continue à évaluer ses stratégies (...) pour la mine du lac Bloom», affirme l'entreprise.

Selon le site Internet de la société, pas moins de 539 travailleurs se déplacent en avion vers la mine du lac Bloom, qui compte aussi 40 employés locaux. Le syndicat estime quant à lui à 500 le nombre de travailleurs.

Confrontée à la dégringolade des prix du minerai de fer, Cliffs Natural Resources (NYSE:CLF) avait fait part la semaine dernière de son intention de cesser ses activités dans l'est du Canada.

En entrevue avec La Presse Canadienne la semaine dernière, le président et chef de la direction de Cliffs, Lourenco Goncalves, avait reconnu que le prix de la tonne de minerai de fer - qui se transige autour de 70 $ US - est à l'origine de cette décision.

M. Lemieux a toutefois affirmé que les Métallos n'allaient pas demeurer les bras croisés et qu'une rencontre avec les hauts dirigeants de la société à Cleveland avait été sollicitée.

«On s'est relevé les manches, a-t-il dit. C'est une mauvaise nouvelle, mais nous sommes quand même optimistes. Si la mine ferme (...) au moins on aura tout fait pour la sauver.»

Sans qu'il «nationalise les ressources naturelles» de la province, le syndicat aimerait voir le gouvernement Couillard «donner un coup de main» pour aider à trouver un investisseur potentiel.

«Il y a des missions économiques à gauche et à droite qui sont organisées, a dit M. Lemieux. S'il manque 100 millions $, pourquoi Investissement Québec, la Caisse de dépôt et de placement du Québec et le Fonds de solidarité de la FTQ ne pourraient pas (injecter) ce qu'il manque?»

D'après la société minière, le développement de la deuxième phase à la mine du lac Bloom, nécessaire à sa survie, aurait demandé des investissements de 1,2 milliard $. Le coordonnateur des Métallos est toutefois en désaccord avec cette estimation.

«Depuis le début, on nous parle de 400 à 500 millions $, a dit M. Lemieux. Leur 1,2 milliard $, on ne sait pas où (Cliffs) le prend. C'est peut-être leur participation dans un éventuel chemin de fer, mais je ne veux pas m'avancer.»

La fin des activités pourrait se traduire par des charges oscillant entre 650 et 700 millions $ d'ici les cinq prochaines années. Ces coûts seraient principalement reliés à des ententes avec le chemin de fer Quebec North Shore et Labrador, qui appartient à la Compagnie minière Iron Ore du Canada.

Pour le syndicat, une expansion rendrait la mine plus concurrentielle, puisque son coût de revient, actuellement de 80 $ la tonne, diminuerait considérablement pour osciller entre 50 et 55 $.

L'entreprise américaine avait déjà interrompu en 2013 ses activités à sa mine Scully, à Wabush, ainsi qu'à ses installations de Pointe-Noire, près de Sept-Îles, où des employés ont déjà été licenciés.

«À Pointe-Noire, il y aurait un dernier bateau qui terminerait le chargement après les Fêtes», a précisé M. Lemieux.