Les cours du pétrole coté à New York et à Londres ont cédé du terrain lundi, pénalisés par un renforcement du dollar et des craintes sur l'économie japonaise, même si des problèmes persistants en Libye ont limité la chute des prix.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en décembre a cédé 18 cents, à 75,64 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a fini à 79,31 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 10 cents par rapport à la clôture de vendredi.

«Les prix sont repartis à la baisse» lundi, après leur rebond observé en fin de semaine dernière, a relevé Tim Evans, de Citi Futures.

D'entrée de jeu, l'humeur des opérateurs américains a été assombrie par l'annonce d'un retour en récession de la troisième économie mondiale.

Le Japon a en effet accusé un nouveau recul de son Produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre (-0,4 %), après une contraction de 1,9 % au deuxième. La plupart des analystes s'attendaient à l'inverse à un rebond modeste, d'environ 0,5 %.

Ce revers inattendu pour le premier ministre Shinzo Abe devrait être suivi mardi par la dissolution de la chambre basse du parlement japonais et la convocation d'élections anticipées en décembre.

Au-delà du Japon, les inquiétudes se sont aussi concentrées sur l'Europe, où les courtiers craignaient que la morosité économique pèse de manière durable sur l'appétit énergétique de la région.

La pression sur les prix est aussi venue du marché des changes, où «un renforcement du dollar a une nouvelle fois pesé sur le brut», a relevé Matt Smith, de Schneider Electric.

En effet, plus le billet vert est fort, plus il décourage les acheteurs munis d'autres devises d'investir dans les actifs libellés dans cette monnaie, rendus moins intéressants.

Le recul des cours s'est toutefois atténué en cours de séance, en raison notamment de problèmes persistants en Libye qui freinaient son appareil de production pétrolière.

«Le champ pétrolier clef d'Al-Charara, qui produit en temps normal 340 000 barils par jour, reste fermé depuis le 5 novembre, ce qui laisse anticiper un petit recul de la production libyenne en novembre, et de celle de l'OPEP», l'Organisation des pays exportateurs de pétrole plus globalement, a commenté Tim Evans.

Les opérateurs restaient aussi prudents avant une réunion très attendue du cartel, qui pompe plus du tiers de l'or noir mondial, le 27 novembre, guettant un éventuel accord sur une réduction de son offre en brut en plein plongeon des prix.

Au cours du week-end, deux des principaux membres de l'OPEP, l'Arabie saoudite et l'Iran, ont affiché leurs divisions sur les mesures à prendre.

Le ministre iranien du Pétrole a ainsi accusé dimanche certains pays producteurs de brut de «trouver des prétextes» pour éviter une baisse de la production, tandis qu'en Arabie saoudite, un ancien conseiller pétrolier a estimé samedi que l'OPEP maintiendrait son plafond de production actuel (à 30 mbj).

«À dix jours du sommet clef de l'OPEP, ces deux principaux membres du cartel semblent être très loin de trouver un terrain commun, ce qui rendra difficile de s'entendre sur une quelconque réduction de la production», en ont déduit les économistes de Commerzbank.