Les cours du pétrole coté à Londres sont passés mercredi sous la barre symbolique des 80 dollars pour la première fois en quatre ans et le brut coté à New York a fini à un plus bas en trois ans, plombés par une combinaison de facteurs baissiers.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a terminé en baisse de 1,29 dollar à 80,38 dollars le baril sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, son plus bas niveau en clôture depuis septembre 2010, après être descendu un peu plus tôt provisoirement sous le seuil des 80 dollars.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance a, lui, cédé 76 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour s'établir à 77,18 dollars, un niveau plus atteint en clôture depuis octobre 2011.

Minés notamment par l'abondance de l'offre sur le marché mondial face à une demande sans éclat et par le regain de vigueur du dollar, les prix de l'or noir ont perdu près de 30% de leur valeur depuis juin.

«Depuis trois mois, on ne cesse de tomber de plus en plus bas et il semble qu'il sera difficile de faire remonter significativement les cours avant la prochaine réunion de l'OPEP», le 27 novembre, a commenté Gene MCGillian de Tradition Energy.

Redémarrage en Libye

Malgré la très forte chute des prix, les pays membres du cartel ont récemment affiché leurs divisions sur l'éventualité de diminuer leur offre pour enrayer la glissade des prix de l'or noir.

«Tant qu'on n'aura pas de signe, en particulier de la part de l'Arabie saoudite, qu'ils ont décidé d'abaisser leur production, le marché va rester orienté à la baisse», a estimé Gene McGillian.

Or les commentaires émis par un responsable saoudien mercredi «semblent indiquer que l'Arabie saoudite n'a pas envie d'intervenir», a-t-il ajouté.

Dans un discours à Acapulco (Mexique), le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a de fait déclaré: «Nous ne cherchons ni à politiser le pétrole ni à nous allier contre quiconque. Pour nous c'est une question d'offre et de demande. C'est du "pur business".»

Les investisseurs ont aussi pris en compte mercredi «le redémarrage de puits de pétrole en Libye», fermés la semaine dernière après une attaque armée ayant provoqué un incendie, a relevé Gene McGillian.

La production a en effet «redémarré partiellement mercredi dans le champ d'Al-Charara et elle reprendra jeudi dans le champ d'Al-Fil», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Compagnie nationale de pétrole (NOC), Mohamed Hrari.

«Comme dans le même temps, la production de pétrole ne cesse d'augmenter aux États-Unis et qu'il faudrait que les prix descendent vraiment encore plus bas avant que cela devienne moins rentable pour les entreprises, on se retrouve dans un marché où la demande ne parvient pas à avancer au même rythme que l'offre», a souligné Oliver Sloup de iiTrader.com.

Les perspectives de demande étaient encore un peu plus assombries mercredi «par les chiffres plus faibles que prévu de la production industrielle en Europe», a ajouté le spécialiste.

Selon les données publiées par l'office européen des statistiques Eurostat, la production industrielle a progressé de 0,6% en septembre dans la zone euro, après avoir reculé de 1,4% en août, alors que les analystes interrogés par Dow Jones Newswires s'attendaient à un rebond un peu meilleur, à +0,7%.

Dans son rapport mensuel publié mercredi à Vienne, l'OPEP maintient cependant inchangées ses prévisions de croissance de la demande mondiale de brut en 2014 et 2015, à respectivement +1,05 million de barils par jour (mbj) cette année et +1,19 mbj en 2015.

L'Arabie Saoudite dément mener une «guerre des prix» du pétrole

L'Arabie Saoudite a démenti mercredi mener une «guerre des prix» du pétrole à l'heure où les cours du brut continuent de flancher.

«Les discussions sur une guerre des prix relèvent d'un malentendu - délibéré ou non - et n'ont aucun fondement dans les faits,» a déclaré le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, dans un discours à Acapulco (Mexique) dont le texte a été transmis à la presse.

Riyad a précipité la chute des cours du Brent, le brut coté à Londres, passés de 112 dollars le baril en juin à moins de 80 dollars aujourd'hui, en réduisant le prix du baril vendu aux États-Unis tout en relevant celui à destination de l'Asie.

Selon le ministre, les spéculations sur un changement de la stratégie saoudienne ne sont toutefois que des «conjectures grotesques et inexactes».

«Nous ne cherchons ni à politiser le pétrole ni à nous allier contre quiconque. Pour nous c'est une question d'offre et de demande. C'est du pur business», a-t-il ajouté.

Selon les experts, la décision saoudienne pourrait être une réponse au boom du pétrole et du gaz de schiste aux États unis qui rend le baril de brut mois compétitif.

D'autres analystes estiment que Riyad cherche à faire plonger le prix du brut à un niveau si bas que les investissements dans le gaz et le pétrole de schiste ne seraient plus rentables.

Le boom du gaz de schiste aux États-Unis a porté la production américaine à des sommets historiques, s'approchant des niveaux atteints par l'Arabie saoudite et réduisant de fait la domination du pays sur le marché du brut.

Combiné à une croissance moins forte de l'économie mondiale, l'essor américain a fait plonger les prix, affectant les ressources des pays producteurs.

Les prix continuaient de baisser mercredi. Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en décembre a cédé 76 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour s'établir à 77,18 dollars, son plus bas niveau depuis trois ans. Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) à Londres, le Brent est passé temporairement sous la barre des 80 dollars pour la première fois depuis 2010.